Les risques internes

Risques liés aux décisions d'organisations

Les entreprises, comme d’ailleurs toutes les organisations, sont soumises à de nombreux types de risques. Certains proviennent de l’environnement (voir les risques externes), d’autres sont liés aux décisions prises en interne. En effet, toute décision comportant une part de responsabilité est par nature risquée.  L’une des grandes qualités que doit avoir un manageur est d’ailleurs sa capacité à évaluer les risques. Autant dire que ceux-ci sont infiniment nombreux et qu’il serait vain de chercher à en dresser une liste. Cette page vous présente les grandes catégories de risques internes (mais surtout, qu’elle ne vous décourage pas de prendre des responsabilités !).

 

Calcul

Il existe toujours des moyens de se protéger. Des dizaines de techniques de gestion et de statistiques ont pour but de mesurer les risques et de s’en prémunir. Ce site web en détaille d’ailleurs un grand nombre.

D’une façon générale, une dépense pour prévenir le risque d’un évènement est comparée avec une estimation de son coût s’il survient, pondéré par la probabilité qu’il se produise. Cette probabilité n’est pas toujours chiffrée, loin de là. D’ailleurs nous faisons tous ce type d’arbitrage de façon machinale, dans la vie de tous les jours.

 

Les risques sociaux

Le recrutement comporte un risque évident. Si le nouvel embauché ne remplit pas convenablement sa mission, le coût du remplacement peut être élevé (licenciement, puis nouveau processus de recrutement…). Et s’il n’est pas remplacé, le coût pour l’entreprise peut, à terme, se révéler bien supérieur ! Les dégâts seront proportionnels à son niveau de responsabilité. Surtout s’il s’agit d’un manageur, les conséquences seront financières mais aussi sociales (voir les causes du stress).

Le turnover est un risque s’il s’accompagne d’une perte de savoir-faire.

L’absentéisme est un risque quotidien. On peut le considérer comme partiellement interne bien que ses causes soient le plus souvent externes.

Cependant, la menace majeure reste le conflit collectif. Alors qu’un conflit interpersonnel n’impacte qu’une partie de l’entreprise, la grève se traduit par un manque à gagner parfois important, répercuté sur des agents économiques externes. Les conséquences peuvent être lourdes en termes financiers et en image.

 

Les risques commerciaux

Certains risques commerciaux sont d’origine externe et peuvent (et doivent !) être limités en interne : défauts de paiement, baisse de la demande…

D’autres sont uniquement internes puisqu’ils relèvent de la stratégie marketing : mauvais choix d’investissements, de positionnement, etc.

Exemple de flop commercial : en 1992, Pepsico lance Crystal Pepsi, un cola transparent. Deux ans plus tard, la boisson est retirée du marché, faute d’un nombre suffisant de consommateurs. C’est un exemple parmi d’autres qui montre que même une multinationale dotée d’une énorme puissance marketing (enquêtes préalables, notoriété, budget publicité considérable…) peut faire de mauvais choix.

Il existe des outils pour évaluer les risques liés à un investissement important. Ils s’appuient sur des calculs de probabilités. Les arbres de décisions sont particulièrement adaptés à cette problématique.

 

Les risques industriels

Les stocks et l’appareil de production peuvent être victimes d’incendies et d’avaries de toute sorte. Les risques sont humains, matériels et écologiques. Les sinistres ne sont pas toujours d’origine interne mais il est de la responsabilité de l’entreprise de protéger ses biens et son environnement. La plupart des pannes peuvent elles aussi être évitées avec un entretien convenable de l’appareil de production.

effondrement

Exemple : rupture de la chaîne du froid dans l’agroalimentaire.

Sans compter que les produits eux-mêmes peuvent présenter un danger. Une gestion rigoureuse des procédures doit en principe les éliminer mais, comme on a coutume de le dire, « le risque zéro n’existe pas ». Exemple : en décembre 2017, Lactalis doit rappeler les laits infantiles susceptibles d’être infectés par des salmonelles. Un risque industriel se traduit par plusieurs types de coûts : production perdue, image dégradée, amendes et dommages-intérêts…

En effet, le non-respect, volontaire ou non, des obligations auxquelles sont soumises les organisations se traduisent par des risques juridiques et fiscaux qui s’ajoutent au risque industriel.

Les accidents qui trouvent leur source dans une négligence sont à classer ici. D’autres accidents sont davantage liés à des erreurs d’appréciation.

Exemple : le naufrage du paquebot Costa Concordia le 13 janvier 2012 et ses conséquences, soit la mort de 32 personnes et une facture astronomique (entre 1,5 et 2 milliards d’euros), était dû à un non-respect de la réglementation, à des erreurs de jugement et à des comportements inadaptés.

 

La rupture de stock

Lorsqu’une entreprise ne peut pas fournir suffisamment de produits ou de marchandises pour satisfaire ses clients, ces derniers peuvent se tourner vers la concurrence. D’où un manque à gagner. Il existe des techniques pour limiter le risque de rupture de stock (voir la page stock de sécurité) mais malgré toutes les précautions prises, la rupture peut survenir. Dans une certaine mesure, ce risque est accepté si le coût de la rupture est moindre que les frais générés par des stocks pléthoriques.

 

Le risque technologique

Les choix technologiques concernent aussi bien l’appareil de production (machines, logiciels…) que les produits eux-mêmes et il est essentiel de ne pas opter pour une technologie qui sera bientôt dépassée. C’est en fréquentant les salons professionnels que l’on peut déceler ce genre d’écueil.

 

Les risques liés aux opérations financières

Une mauvaise gestion de la trésorerie peut tuer une entreprise en parfaite santé. Là encore, il existe des outils pour prévoir chaque jour le montant de liquidités qu’il faut détenir en caisse pour faire face aux dépenses (voir les pages plan de trésorerie et trésorerie au jour le jour).

Pour une entreprise qui commerce à l’international, le risque de change est dû à la dépréciation de la monnaie dans laquelle elle facture. Selon les fluctuations d'une devise, l’entreprise peut soit bénéficier d’une aubaine, soit subir une note plus salée que prévue (ou un manque à gagner). Il existe des moyens de s’assurer contre ce type de risque.

Un autre risque lié aux marchés est couru par un agent économique qui détient des actions, cotées ou non. Le risque spécifique est celui qui est porté par un titre en particulier tandis que le risque de marché est couru sur l’ensemble du marché des actions (plongeon du CAC40, par exemple).

Lorsqu’un débiteur est dans l’incapacité de rembourser sa dette comme convenu, on parle de risque de crédit.

Le risque de taux est surtout pris par une organisation ou un particulier qui emprunte à taux variable et qui voit ses remboursements gonfler en cas de hausse des taux d’intérêt. Un emprunt à taux fixe peut s’accompagner d’un risque (toutefois moins important) si les taux baissent et que les concurrents se financent à meilleur marché.

 

Acquisition

Les décisions prises au sommet de l'entreprise sont les plus risquées.

Après l’acquisition d’une entreprise, l’acheteur peut découvrir des « cadavres dans le placard ». D’où un certain nombre d’études certes très poussées (diagnostic financier, audit social, évaluation de la stratégie marketing…) mais établies sur le passé.

Exemple : en 2007 l’entreprise du nucléaire AREVA achète Uramin, entreprise canadienne, pour 1,8 milliards d’euros. Or, les gisements d’uranium détenus par Uramin se révèlent peu exploitables. La société ne valait presque rien. C’est sans doute le plus gros scandale de l’industrie française de ce siècle.

Autres cas : supposons qu’un groupe achète une entreprise saine. Ce n’est pas pour autant que celle-ci s’inscrit dans la logique économique du groupe et son acquisition peut se révéler être une erreur stratégique. Le groupe peut aussi acheter une entreprise en difficulté en pensant pouvoir la redresser et ne pas y parvenir ! Exemple : en 1993, le Crédit Lyonnais investit 400 millions de dollars dans la société de cinéma Metro-Goldwyn-Mayer et… frôle la faillite.