Les risques

Risques en économie

Il n’est pas absurde d’associer le risque à toute forme de vie. Le buisson risque de se faire manger par la chèvre et celle-ci risque d’être malade parce que le buisson était légèrement toxique. Pour avoir barbouillé le canapé avec de la confiture l’enfant risque de se faire punir par son père, lequel risque d’être ruiné pour avoir placé toutes ses économies en actions d’une société dont le tort était d’avoir pris de trop gros risques à l’exportation.

Définissons et illustrons.

 

Définitions

Le Petit Larousse donne deux définitions du risque.

  1. Danger, inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé.

  2. Préjudice, sinistre éventuel que les compagnies d’assurance garantissent moyennant le paiement d’une prime.

La première définition est générale. La seconde s’applique à des cas particuliers.

Si l’on se cantonne au périmètre de ce site web, on précisera que les risques sont des dangers ou des inconvénients non certains, inhérents aux activités économiques et sociales.

Le risque présente donc deux caractéristiques : il est lié à un évènement aléatoire et ses effets sont négatifs.

Le Robert Dictionnaire de la langue française (9 vol.) reprend à peu près ces définitions mais surtout il en ajoute une troisième : le fait de s’exposer à un danger (dans l’espoir d’obtenir un avantage). Cette définition est importante. Elle montre que le préjudice n’est pas toujours exogène comme peut l’être un accident. Il peut être recherché. Certains adoptent un comportement à risque pour la décharge d’adrénaline qu’il procure. On parle alors de goût du risque. Surtout, on peut courir un risque en toute connaissance de cause dans l’espoir d’obtenir un gain financier. Ainsi tout entrepreneur et tout spéculateur prend des risques calculés.

 

Quelques risques

Un être humain court de nombreux risques. Certains sont individuels, d’autres collectifs.

À l’échelle individuelle, mentionnons les accidents corporels, la perte d’un proche, la ruine ou, plus couramment, les dommages matériels qui entraînent bien souvent des tracas suivis d’une dépense (appareil qui tombe en panne, fuite sur canalisation, casse, vol…). Lorsque des aléas ne sont pas dus aux individus eux-mêmes et qu’ils peuvent se traduire par une perte de revenu, on parle de risques sociaux. Exemples : période de chômage due à un licenciement économique, accident, maladie…

accident

Une entreprise court également divers dangers : ne pas être payée par ses clients, mettre sur le marché un produit qui ne se vend pas, se tromper dans ses recrutements ou encore subir un risque de change à l’exportation, pour ne prendre que ces quelques exemples. Le risk manager est le professionnel qui a pour mission de prévenir les risques quels qu’ils soient. Tous les détails en pages de risques externes à l'entreprise et de risques internes, à compléter éventuellement par les risques financiers.

À l’échelle d’une zone géographique, les risques naturels font régulièrement la une des journaux : incendies de forêts, inondations, glissements de terrain, grêle… Selon les spécialistes, les effets du bouleversement climatique qui se produisent depuis déjà plusieurs décennies devraient se multiplier. Leurs impacts imprévisibles affecteront toujours plus violemment les activités humaines, au premier rang desquelles l’agriculture. Enfin, n'oublions pas les guerres et les risques industriels : marées noires, nuages radioactifs, pollution des rivières...

guerre

Un pays peut subir les erreurs économiques de ses dirigeants et connaître une dévaluation de sa monnaie, voire une hyperinflation. Mais il arrive aussi que des décisions politiques entraînent des répercussions économiques partout dans le monde. Ainsi la nationalisation du canal de Suez en 1956 a causé la ruine de nombreux épargnants français et britanniques. Plus près de nous, les sanctions consécutives à l’invasion de l’Ukraine en 2022 ont causé de lourdes pertes aux sociétés étrangères implantées en Russie mais aussi une inflation en Europe due aux prix de l’énergie. D’autres pays, notamment africains, ont encore plus durement subi ce risque politique (disette, inflation).

 

Risques mesurés

De la préhistoire à la Renaissance, les peuples ont cherché à se protéger des risques par diverses pratiques : sacrifices aux dieux, danses, rites…  Les religions monothéistes n’ont d’ailleurs pas fondamentalement remis en cause l’apparition de catastrophes comme l’expression d’une volonté divine.

En Occident, la perception des risques naturels a changé à partir du dix-septième siècle. La démarche scientifique balbutiante a progressivement permis d’expliquer la survenance de certains phénomènes. Par ailleurs, le hasard a commencé à être mesuré (certes dès le siècle précédent avec Cardano mais ce sont surtout Pascal et Fermat puis Huygens qui ont posé les bases de la théorie des probabilités). Mais dès la fin du Moyen-Âge, des armateurs avaient créé une sorte d’assurance pour se prémunir des périls auxquels les navires et leurs cargaisons étaient exposés.

Aujourd’hui, la théorie des probabilités a atteint un très haut niveau de sophistication et nourrit des modélisations complexes, notamment dans les banques et les sociétés d’assurance. Il va sans dire que la quantification des risques n’a pu se développer que grâce à la puissance croissante des ordinateurs.

Ainsi les assureurs ont remplacé les porte-bonheurs. Leur rôle est de limiter le risque financier des individus et des organisations grâce au principe de la mutualisation.

Schématiquement, celui-ci consiste à évaluer le coût d’un sinistre et la probabilité qu’il survienne pour estimer les dépenses à venir. Chaque client paie une prime dont le montant est calculé pour que, globalement, le total des primes couvre les coûts probabilisés.

Les risques bancaires sont certainement les plus dangereux : la faillite d’une banque se répercute sur toute la sphère économique. On parle alors de risque systémique. La faillite de Lehman Brothers en 2008 en est l’exemple emblématique.

D’une façon générale, la faillite de toute entreprise entraîne un effet domino. Les créanciers ne seront pas remboursés (fournisseurs, banques…), les propriétaires accuseront une perte sèche, les salariés sont licenciés, les clients peuvent ne pas avoir de fournisseur de secours… Lorsque l’entreprise, surtout lorsqu’elle est une banque, risque de produire une cascade de défauts de remboursements, y compris à l’international, l’État peut intervenir, par exemple en nationalisant l’entreprise et en payant ses dettes. Too big to fail !

Les banques courent des risques de crédit (problèmes de remboursements de la part d’un débiteur), de marché (pertes sur les marchés financiers), opérationnels, de change (comme n’importe quelle entreprise active à l’international) ou encore de liquidité (ne pas avoir suffisamment de liquidités à un moment donné pour faire face à ses engagements, là aussi comme toute quelle entreprise gérant mal sa trésorerie).

L’aléa moral n’est quant à lui pas mesurable. Par exemple, les banques peuvent prendre de gros risques en espérant que l’État ou le FMI interviendront au cas où elles risqueraient la faillite.

 

Aversion au risque

En général, un acteur économique cherche à obtenir le bénéfice maximum en prenant le moins de risque possible. On parle d’aversion au risque.

Toutefois, en finance, le gain attendu est proportionnel au risque. Le taux d’intérêt d’un livret A est particulièrement faible et son détenteur ne fera pas fortune avec ce produit mais il ne perdra la somme investie. Au contraire, des placements en actions peuvent être très fructueux mais il est possible de tout perdre. Le marché des options est encore plus risqué et possiblement plus rémunérateur.

Ainsi, le profit est la contrepartie du risque encouru (arbitrage entre risque et rentabilité). Ce deal n’est pas propre à la finance. Chacun accepte un niveau d’exposition au risque qui lui est propre.

Un particulier qui n’a pas les informations lui permettant de calculer des probabilités a également une perception du risque. Toutefois, celle-ci est subjective, propre à sa personnalité mais aussi à son environnement social.

 

Sociologie

La notion de risque fait partie des sujets d’étude de la sociologie, surtout depuis les années 80. Le risque apparaît en effet comme une construction sociale.

 

risque de manquer de nourriture