Le manageur

Rôles du manageur et caractéristiques de son travail

« Un chef, c'est fait pour cheffer » (Jacques Chirac)

On présente parfois le manager (écrit de plus en plus souvent « manageur » ou « manageuse ») comme celui ou celle qui conduit une ou plusieurs personnes vers un objectif. Présentée ainsi, cette définition s’applique à des contextes très différents. On pourrait même en conclure qu’un parent est le manager de ses enfants ! Ce qui n’est évidemment pas le cas…

Alors précisons.

 

Définition

Le terme est le plus souvent employé dans un contexte professionnel. Le manageur exerce alors un niveau de responsabilité plus ou moins élevé (opérationnel ou stratégique, voir la page sur le management).

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Bien qu’occupant des postes très divers, les manageurs peuvent être repérés avec un minimum de discernement. Dans une entreprise privée, le manageur est souvent un cadre mais si ce dernier n’encadre personne, il ne manage pas. Inversement, un chef de chantier qui n’a pas le statut de cadre peut être le manageur d’une équipe nombreuse. Non-cadre également, le dirigeant d’entreprise entre aussi dans la catégorie. Il existe en outre des manageurs « provisoires » : un chirurgien manage le temps d’une opération une équipe sur laquelle il n’a pas de fonction hiérarchique permanente. Un chef de projet qui anime un groupe transversal est lui aussi un manageur, même s’il n’existe aucun lien de subordination entre lui et les autres participants au projet. Enfin, il serait abusif d’évoquer une fonction managériale dans le cadre du travail à domicile : un particulier n’est pas le manageur d’un personnel de ménage.

C’est en 1973 que Henry Mintzberg publia son ouvrage fondateur, toujours réédité, « The Nature of Managerial Work » (en français, « Le Manager au quotidien ». Il y décrit d’abord les caractéristiques du travail de manageur.

 

Les caractéristiques du travail du manageur

Toujours dans le même ouvrage, H. Mintzberg met en évidence six caractéristiques du travail des manageurs et plus particulièrement des cadres.

  1. Une quantité importante de travail, à un rythme soutenu et qui ne s’arrête jamais, même lorsqu’une mission ou un projet est terminé.

  2. Une activité très fragmentée, faite de diverses petites tâches qui imposent une relative superficialité.

  3. Une recherche d’action qui prime sur la réflexion. La forte pression, conséquence de multiples imprévus, ne permet d’ailleurs pas de passer beaucoup de temps sur des activités de planification ou de profonde réflexion.

  4. Le rôle essentiel de la communication verbale, largement préférée à la communication écrite.

  5. Une position charnière entre ses collaborateurs avec lesquels il consacre une bonne partie de ses journées et son réseau relationnel externe. Le manageur reçoit et transmet des informations à son équipe et à ses contacts mais il passe assez peu de temps avec sa propre hiérarchie.

  6. Des droits et des devoirs, sachant qu’ayant la possibilité de prendre des initiatives, le manageur a aussi les devoirs qu’il se crée. Il a d’ailleurs ce privilège de ne pas être limité aux obligations qui lui sont imposées !

Ensuite, H. Mintzberg développe sa théorie sur les dix rôles du manageur qui, bien qu’élaborée à partir de l’observation de cinq directeurs généraux seulement, reste aujourd’hui encore une référence. Selon lui, ces rôles étroitement imbriqués les uns aux autres se répartissent en trois catégories : le contact, l’information et l’action.

 

Les rôles interpersonnels

Le manageur est d’abord un symbole. Le prestige de la fonction lui confère un rôle de représentation. Il est en effet valorisant pour un tiers de traiter directement avec une personne au niveau hiérarchique élevé ou de pouvoir s’entretenir avec elle lors d’une cérémonie.

Il doit aussi tenir le rôle plus difficile de leader afin de développer l’efficacité de son équipe. Le manageur motive ou sanctionne mais doit rester exemplaire. Son leadership permet de transformer une autorité formelle, légitimée par l’organigramme, en un pouvoir au service de l’organisation.

Le rôle d’agent de liaison entre son équipe et l’extérieur (interne à l’entreprise ou externe). Se soumettant à diverses obligations, le manageur tisse un réseau de connaissances qui légitimera sa position.

 

Les rôles liés à l’information

Observateur actif, le manageur est toujours à la recherche d’informations internes et externes. Il reçoit des rapports, qu’il a lui-même commandés ou non et n’hésite pas à court-circuiter les voies hiérarchiques pour obtenir les informations qui lui seront les plus utiles. Ce rôle est lié aux deux précédents (leader pour les informations internes à sa structure et agent de liaison pour les informations externes). Une part importante de son emploi du temps est consacré aux réunions.

Diffuseur, le manageur l’est aussi. Dès qu’il le peut, il communique les informations utiles à ses collaborateurs. Elles concernent des faits (soit établis, soit sous forme de rumeur) mais aussi des valeurs (opinions, préférences, pressions).

Porte-parole, enfin. L’information n’est pas seulement descendante. Assumant un certain niveau d’expertise, le manageur communique à l’extérieur de son unité, et principalement à ses supérieurs, les résultats obtenus ou les problèmes rencontrés.

 

Les rôles liés à la décision

Entrepreneur, le manageur doit savoir innover et prendre des risques. Il participe aux projets d’amélioration.

De façon complémentaire, il est aussi régulateur, c’est-à-dire qu’il doit défendre l’équilibre de sa structure contre les perturbations (conflits, imprévus…).

Le manageur est aussi répartiteur de ressources (allocataire de temps et de travail, arbitre des demandes d’autorisations).

Enfin, il doit aussi assumer un rôle de négociateur. En raison de ses rôles liés à l’information et à la répartition de ressources, c’est lui qui a le plus de cartes en mains pour pouvoir négocier auprès des tiers.

 

La performance du manageur

Ces différents rôles nous laissent entrevoir un certain nombre de qualités qui doivent appuyer l'autorité institutionnelle du manageur. Les critères de réussite sont en effet nombreux et interagissants, ce qui fait du management un ART davantage qu’un ensemble de techniques.

Parmi les qualités requises, mentionnons un sens certain des résultats mais aussi une aptitude au leadership. Il est en effet primordial de transmettre à toute l’équipe la volonté d’agir dans un but commun. Le manageur doit savoir déléguer, être à l’écoute, faire circuler les informations, montrer à la fois de l’autorité et un soutien à son équipe… Il doit aussi savoir gérer son temps et son carnet d’adresses, etc.

Le fait que le management ne soit pas seulement technique, comme peut l’être par exemple une passation d’écritures comptables, se traduit par différents styles qui reflètent la personnalité du manageur et son adaptation aux circonstances.

Ces qualités multiples font l'objet d'évaluations des performances (dans un contexte particulier puisqu'on évalue le management et non le manageur).

Afin de se consacrer pleinement à sa mission de gestion et de développement d’activité, le manageur est fréquemment aidé par un(e) assistant(e) (voir page sur la relation entre assistant et manageur).

 

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