Le secteur tertiaire

Secteur tertiaire : historique et enjeux

Le secteur tertiaire, souvent appelé « secteur des services », est l'un des trois secteurs traditionnels de l'économie, aux côtés des secteurs primaire (agriculture, pêche, extraction) et secondaire (industrie manufacturière et construction).

Si cette définition vous semble sommaire, lisez ce qui suit. Puis nous résumerons l’historique du tertiaire, sans oublier ses enjeux actuels au niveau international.

 

Définition

La répartition des secteurs économiques en trois grandes familles d’activités est due à A. G. Fisher (1935), reprise par C. Clark en 1940.

Le secteur tertiaire regroupe l'ensemble des activités économiques qui ne produisent pas directement de biens matériels mais qui offrent des services. Ceux-ci peuvent être destinés aux entreprises (conseil, audit, marketing…), aux particuliers (santé, éducation, loisirs…) ou peuvent être des services publics (administration, justice, sécurité…).

Jean Fourastié a repris cette classification pour s’essayer à une nouvelle définition : le secteur primaire réunirait les activités à progrès technique moyen, le secondaire celles basées sur un progrès important et le tertiaire serait celui des activités à progrès faible ou nul. Cette partition qui était censée concorder avec la précédente fut sans suite, Fourastié lui-même relevant les limites de son analyse : si l’on prend l’exemple du secteur agricole, le ramassage des fraises est de nos jours toujours manuel tandis que celui des céréales bénéficie depuis longtemps de progrès considérables.

Ainsi, contrairement aux secteurs primaire et secondaire qui créent et transforment des biens tangibles, le tertiaire se distingue par son rôle dans la facilitation des échanges, l'organisation des processus économiques ou encore le bien-être social.

Notez que cette classification en trois familles s’adapte aussi aux métiers. Mais la répartition de ceux-ci est bien différente que celle des secteurs. Ainsi un manageur travaillant dans la fabrication de confettis sera classé comme profession tertiaire alors que son secteur d’activité est le secondaire.

 

Historique

Historiquement, les activités de service ont toujours existé, même si elles étaient jadis beaucoup plus réduites.

Dans les sociétés traditionnelles et préindustrielles, elles étaient souvent concentrées autour du commerce, de l'administration et de la religion. Cependant, leur poids économique restait limité, comparé aux activités et artisanales.

C’est avec la Révolution industrielle que le secteur tertiaire commença à prendre de l'ampleur. Au dix-neuvième siècle, l’Europe et l’Amérique du Nord connurent un développement rapide du commerce et des services financiers pour accompagner la production industrielle. Les innovations technologiques, comme les chemins de fer et le télégraphe, permirent l’émergence de services de transport et de communication à grande échelle.

Le vingtième siècle marqua un tournant décisif dans la montée en puissance du tertiaire. Au sein même du monde occidental, les évolutions furent contrastées. En 1920, \(48\%\) des emplois relevaient du secteur tertiaire au Royaume-Uni contre \(28\%\) en France.

Après la Seconde Guerre mondiale, la modernisation des infrastructures et l'accroissement du niveau de vie favorisèrent le développement d’une large gamme de services. Le modèle économique des sociétés développées se réorienta vers la consommation de masse, où les services prennent une place prépondérante : assurances, banques, tourisme, santé, éducation, divertissement...

Dans les années 1960 et 1970, on parle d’un phénomène de « tertiarisation » des économies avancées. Cela signifie que, non seulement le nombre d’emplois dans le secteur tertiaire augmente, mais que la part de la valeur ajoutée générée par ce secteur dépasse celle des deux autres.

Cette tertiarisation est souvent corrélée avec la désindustrialisation. Certains parlent même de société post-industrielle. Tandis que la production de biens est relocalisée vers des pays à bas coûts de main-d'œuvre, les économies du Nord se spécialisent ans les activités de service à haute valeur ajoutée (finance, services numériques, recherche et développement, etc.). L’Allemagne et le Japon conservent toutefois une forte tradition industrielle.

Le tournant du vingt-et-unième siècle marque une nouvelle étape avec l'avènement des technologies de l'information et de la communication (TIC). Internet, le développement des logiciels, l'intelligence artificielle donnent naissance à une économie de plus en plus orientée vers la dématérialisation. Le secteur tertiaire englobe désormais des services numériques comme les plateformes de e-commerce, le cloud computing, les services de streaming, etc.

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Différentes formes

Distinguons plusieurs sous-secteurs selon les types de services offerts :

Le tertiaire marchand inclut tous les services vendus sur le marché. Ils sont proposés par des entreprises privées à des consommateurs individuels ou à d’autres entreprises. Parmi les activités principales, citons le commerce (de gros et de détail), les services financiers et bancaires, le transport et la logistique, l'hôtellerie et la restauration, le conseil et l’audit, etc.

Le tertiaire non-marchand concerne les services fournis par les administrations publiques ou les associations, généralement sans but lucratif. Ils jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de la société en assurant des services collectifs de base, tels que l'éducation, la santé publique, la justice, la sécurité (police, armée), les infrastructures publiques (énergie, distribution de l’eau…) ainsi que de très nombreux autres services (information, fisc, météo, etc.). Ces services sont des biens collectifs financés, pour la plupart financés par l’impôt.

 

Travail féminin

Le secteur tertiaire, notamment dans l’éducation, la santé, ou les services sociaux, a permis une plus grande intégration des femmes dans le processus de production. Cependant, des inégalités importantes de salaire et de responsabilités subsistent. Elles se manifestent dans la répartition des tâches, les femmes étant surreprésentées dans les emplois précaires ou mal rémunérés (aides-soignantes, femmes de ménage…). De plus, elles accèdent moins fréquemment aux postes de direction, même dans les secteurs où elles sont majoritaires.

 

Division internationale du travail

Traditionnellement, la division internationale du travail était plutôt associée aux secteurs primaire et secondaire, les pays étant spécialisés dans l'exportation de matières premières ou de produits manufacturés. Cependant, depuis les années 1980, le développement des technologies de l’information et l’ouverture des marchés ont favorisé une internationalisation des services.

Les pays à bas coût de main-d'œuvre, en particulier en Asie et en Europe de l'Est, se sont spécialisés dans certains services délocalisables (centres d'appel, traitement des données, développement de logiciels...) alors que les pays plus développés se concentrent sur les services à haute valeur ajoutée, comme la finance, la recherche et développement, ou les services culturels.

Deux processus illustrent cette nouvelle division du travail dans le secteur tertiaire :

  • L’outsourcing consiste à externaliser certaines activités de service à des entreprises spécialisées. C'est par exemple le cas pour la relation client, souvent délocalisée vers des pays comme l’Inde ou le Maroc.

  • L’offshoring désigne la délocalisation d’une partie ou de la totalité d’un service à l’étranger, au sein d’une même entreprise ou d’une filiale. Par exemple, une banque européenne peut créer une filiale en Asie pour gérer une partie de ses services informatiques.

Enjeux actuels

  • L'un des principaux enjeux du tertiaire est la transformation numérique. Les technologies de l'information, l'IA et la robotisation bouleversent la manière dont les services sont fournis. Les services bancaires en ligne, la télémédecine, ou encore l'éducation à distance sont des exemples concrets de ces mutations. Cette digitalisation crée de nouvelles opportunités mais soulève aussi des défis en termes de protection des données, de formation continue et d’inégalités d’accès aux services numériques.

  • Le tertiaire n’échappe pas aux enjeux environnementaux, bien que son empreinte carbone soit généralement inférieure à celle des autres secteurs. Néanmoins, le transport, le tourisme ou encore les services financiers doivent s’adapter à la transition écologique. Attention, la transformation numérique peut être source de grosses consommations d’énergie (cryptomonnaie, utilisation de l’IA…).

  • Le télétravail s’est largement développé dans le secteur tertiaire, ce qui pose de nouvelles questions en termes de management, de bien-être des salariés et d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

  • La montée des emplois précaires dans le tertiaire, notamment dans le secteur des services à la personne ou la livraison est un autre enjeu majeur.

 

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