Caractéristiques et défis de l'économie du savoir
L’économie de la connaissance est aujourd’hui l’un des moteurs principaux de la croissance économique, comme d’ailleurs de l’évolution sociétale. Mais que recouvre exactement ce concept ?
Quand vous aurez lu ceci, votre propre connaissance aura franchi une étape !
Définition et origines
L’économie de la connaissance, ou du savoir, repose sur un principe clé : la connaissance, en tant que ressource immatérielle, devient un élément central de la production et de la croissance. Contrairement à l’économie traditionnelle, basée sur les ressources matérielles comme les denrées agricoles ou le pétrole, elle valorise le savoir, la créativité, l’information et l’innovation.
Les bases de la transition ont été posées au vingtième siècle avec l’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC). En particulier, Internet a permis une circulation et un partage de l’information à une échelle sans précédent, transformant en profondeur les façons de travailler et de consommer.
Les knowledge workers, acteurs de cette nouvelle économie, qui s'appuyent sur leur expertise et leur capacité à innover, deviennent les principaux vecteurs de valeur ajoutée.
Caractéristiques
Plusieurs éléments distinguent l’économie de la connaissance des modèles économiques précédents.
- L’importance de l’immatériel. La production de valeur repose moins sur des biens tangibles que sur des actifs immatériels : savoir-faire, propriété intellectuelle, données, réseaux de collaboration. Ainsi, des entreprises comme Google ou Microsoft tirent leur richesse de leur capital intellectuel et technologique.
- L’accélération de l’innovation. Celle-ci n’est plus une étape mais un processus continu. Les entreprises doivent constamment s’adapter, innover et apprendre pour rester compétitives. Actuellement, nous constatons chaque semaine des améliorations dans le domaine de l’IA grand public.
- La place centrale des technologies. Les TIC jouent un rôle structurant en facilitant la création, le stockage et la diffusion de la connaissance. Le cloud computing, l’IA et les blockchains sont autant de technologies qui redéfinissent les échanges et la collaboration.
- La globalisation de la connaissance. Dans ce modèle plus que dans tout autre, les frontières tombent. La connaissance circule d’un continent à l’autre, consolidant l’interdépendance économique mondiale.
Opportunités
L’économie du savoir offre de nombreuses opportunités, tant pour les individus que pour les organisations et les États.
- Pour les individus. Les étudiants et les travailleurs ont accès à des ressources d’apprentissage en ligne, à des formations ouvertes et à distance (MOOC) et à des communautés de pratique mondiale (par exemple pour l’utilisation d’un logiciel ou d’un langage de programmation). Cela favorise le développement de compétences transversales et l’employabilité.
- Pour les États. Les gouvernements qui misent sur la recherche et l’éducation créent un environnement favorable à l’innovation et à l’attractivité économique. Des pays comme la Corée du Sud ou Singapour en sont des exemples emblématiques.
Ainsi, les TIC permettent d’optimiser les flux de travail, de réduire les coûts et d’augmenter la productivité. Par exemple, les systèmes de gestion des connaissances (knowledge management) centralisent l’information et facilitent son accès.
Ils favorisent aussi l’innovation et la personnalisation (produits mieux adaptés aux besoins des consommateurs).
L’intégration de l’IA ou du big data permet un avantage concurrentiel, parfois décisif.
La participation à des écosystèmes d’innovation, comme les partenariats avec les universités, aide les entreprises à accélérer leur recherche et développement.
Bien sûr, lorsque l’économie du savoir est le cœur de métier de l’entreprise, elle est bien plus qu’un avantage ! Illustrons-le avec quelques exemples.
Exemples d’entreprises
Google est un exemple emblématique d’exploitation de la connaissance. L’entreprise génère une grande partie de ses revenus grâce à la publicité en ligne, optimisée par des algorithmes qui analysent d’immenses quantités de données sur les utilisateurs. Son capital repose sur sa maîtrise de l’intelligence artificielle et de l’analyse de données, qui alimentent des services tels que la recherche en ligne, Google Maps, Google Cloud, etc.
Microsoft tire sa valeur de la propriété intellectuelle, notamment de ses logiciels (Windows, Office 365) et de ses services cloud. En investissant massivement dans la recherche, l’innovation et l’acquisition de start-up, elle reste un leader dans l’économie du savoir.
Tesla s’appuie sur des innovations technologiques et des brevets dans les domaines des batteries et de l’IA. Elle mise sur le machine learning pour développer des systèmes de conduite autonome, ce qui la différencie dans un marché automobile compétitif.
Coursera propose des cours, des certifications et des diplômes en ligne en collaboration avec des universités et des institutions. En diffusant la connaissance à un public mondial grâce à sa plateforme numérique, cette entreprise exploite le principe d’échange global et accessible de la connaissance.
IBM capitalise sur des services à haute valeur ajoutée comme l’analyse des données et l’IA (via Watson). Elle investit dans la recherche fondamentale et applique ses innovations dans des secteurs variés, de la santé à la finance.
Ces entreprises illustrent la diversité des applications de l’économie de la connaissance, qu’il s’agisse de capitaliser sur les données, l’innovation technologique ou la diffusion du savoir.
Quelques défis
Cependant, cette économie n’est pas exempte de problèmes et soulève plusieurs questions.
- Les inégalités d’accès à la connaissance. Malgré la disponibilité d’outils et de ressources en ligne, tout le monde n’a pas accès aux infrastructures nécessaires, comme une connexion Internet fiable ou une éducation de qualité. C’est le rôle de l’État de réduire ces inégalités.
- La concentration des ressources. Une grande partie des actifs de l’économie de la connaissance est contrôlée par quelques entreprises multinationales, parfois en position de monopole et d’oligopole et posant un problème de concentration de pouvoir.
- L’évolution des compétences. Les compétences demandées évoluent très vite, ce qui peut entraîner une obsolescence rapide des savoirs. Les individus doivent se former en permanence, tout au long de leur vie (lifelong learning).
- La gestion éthique et l’utilisation des données. L’utilisation massive des données personnelles par les entreprises soulève des enjeux de protection de la vie privée.
- L’élitisme cognitif. La valorisation excessive des diplômes et des compétences techniques peut exclure du marché du travail des personnes possédant d'autres formes de savoir, comme les compétences sociales.
- La propriété intellectuelle. Une protection trop stricte de la propriété intellectuelle peut freiner la diffusion des connaissances et entraîner des piratages. Par ailleurs, le coût élevé des brevets et des licences peut rendre les technologies inaccessibles pour les petites entreprises et les chercheurs indépendants.
- L’intelligence artificielle. Le développement de l'IA pose des défis en termes de biais algorithmiques, de responsabilité en cas d'erreur et d'impact sur l'emploi.
- La désinformation. La prolifération de fausses informations par Internet rend difficile la distinction entre le vrai et le faux et menace la qualité du débat public.
- Les problèmes liés à l’environnement. Les infrastructures numériques et les activités liées à l'économie de la connaissance sont de grands consommateurs d'énergie, ce qui contribue au changement climatique. De plus, la durée de vie limitée des produits électroniques encourage la surconsommation et génère des déchets.
Le grand défi reste toutefois de répondre à des préoccupations majeures comme le changement climatique ou les inégalités sociales.