Aperçu de la nouvelle économie
Mais comment faisions-nous avant ? Dans le train, les têtes des voyageurs n’étaient pas penchées sur des smartphones. Non, quelques paires d’yeux regardaient dans le vague ou étaient fermées, plus rarement posées sur un livre. Souvent aussi les voyageurs se parlaient. C’était avant.
Si la première révolution industrielle est née de la vapeur et si la deuxième est liée à la maîtrise de l’électricité, la troisième est bien celle que nous vivons : celle du numérique. Elle a modifié nos comportements (y compris dans le train), a apporté du confort aux individus et des gains de productivité aux organisations et surtout, surtout de l’information (on parle même d’infobésité).
Voyons quelques généralités et exemples pour mieux comprendre ce qu’est l’économie numérique.
Technologie et économie
Une nouvelle économie a émergé des technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier depuis le milieu des années 90. Cette période a vu l’explosion d’Internet, support d’un secteur économique qui a connu (et connaît encore) une croissance inouïe. Aujourd’hui, ses principaux acteurs sont connus de tous : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft. Mais l’économie numérique est aussi beaucoup plus qu'un marché lié à la technologie.
Pourquoi ? En révolutionnant la vie des particuliers comme celle des entreprises, le numérique s’est traduit par un nouveau mode de croissance fondé sur une économie largement dématérialisée et par de nouveaux rapports sociaux (nous y reviendrons). On parle désormais de société de l’information.
Voir par exemple le modèle économique des réseaux sociaux.
Information et connaissance
L’échange d’informations est désormais partout. Même les objets « communiquent » entre eux. Cette omniprésence informationnelle est liée au coût désormais insignifiant de sa diffusion, y compris sur des dizaines de milliers de kilomètres.
Pour bien fixer les idées, une précision de vocabulaire n’est pas inutile. Lorsqu’une information est transmise, elle devient connaissance. Or, de bonnes connaissances permettent de prendre des décisions pertinentes. L’apport des TIC est la diffusion large, instantanée et bon marché des informations qui s’est traduite par l’émergence d’une économie de la connaissance où « celui qui sait » (particulier ou entreprise) a un avantage sur les autres. C’était déjà vrai avant Internet mais aujourd’hui la connaissance est devenue un enjeu économique majeur.
Quelques exemples permettront d’illustrer le propos.
Opportunités
Voyons quelles peuvent être les opportunités du numérique pour les particuliers, pour l’économie dans son ensemble et enfin la net-économie. Nous verrons au passage en quoi les comportements ont été modifiés par la révolution numérique.
1- Les consommateurs
Supposons. Vous souhaitez passer quelques jours à Tokyo. Au début des années 2000, l’information disponible sur un tel séjour se limitait essentiellement à quelques brochures de tours opérateurs. Le choix de l’hôtel était restreint et la compagnie aérienne plus ou moins imposée. Aujourd’hui, inutile de téléphoner ou de se rendre dans une agence de voyages. Sans quitter son domicile ou pendant un trajet en métro, on peut choisir l’appartement d’un particulier grâce à Airbnb et opter pour la compagnie aérienne la moins onéreuse grâce à Liligo (par exemple). On bénéficie donc d’une connaissance qui aurait été inimaginable sans le web. En revanche, il n’y a plus le rapport social qui pouvait exister lorsque le client se rendait dans une agence de voyage pour recevoir des conseils.
Illustration : résidence de la famille Iwazaki, Tokyo.
2- Mutations au travail
Le travail collaboratif et le télétravail sont aussi des formes d’organisation permises par les TIC. Ils facilitent les échanges d’information tout en limitant les déplacements mais là aussi… les contacts humains.
Plus généralement, le numérique a apporté des gains de productivité considérables. Du point de vue macroéconomique, un modèle est apparu : la croissance sans inflation. Car cette productivité n’a pas nécessité de hausse générale des coûts salariaux.
Si la nouvelle économie a causé la disparition de certains métiers, elle a surtout permis la transformation de presque tous les autres ! Certaines industries ont été dépassées (photographie argentique…) tandis que d’autres sont apparues. L’illustration la plus frappante de cette mutation est peut-être donnée par la bourse.
Dans les années 80, les actions s’échangeaient dans des lieux déterminés : les bourses. Des agents de change hurlaient en faisant des gestes mystérieux et c’est ainsi que l’argent circulait ! Aujourd’hui, des robots effectuent des échanges en transactions à haute fréquence (THF) : sans même qu’un humain n’intervienne, des millions d’ordres d’achat ou de vente d’actions peuvent être passés en quelques millisecondes. Bien sûr, il n’y a pas de véritables demandes ou offres derrière ; il s’agit juste de mouvements spéculatifs effectués par des ordinateurs qui font circuler virtuellement des milliards de dollars et d’euros chaque jour au bénéfice des banques et autres opérateurs.
3- Nouveaux marchés
L’économie numérique fonctionne aussi sur de nouveaux produits (biens et services) et de nouveaux marchés.
Les biens sont directement liés à la technologie d’Internet (tablettes, montres connectées, fibre optique…). Les services ne peuvent être offerts que par les TIC (jeux en ligne…).
Les nouveaux marchés sont ceux qui se sont développés grâce au web, quoiqu’une clientèle existait auparavant (sites de rencontres, paris, ventes aux enchères…).
Le commerce en ligne ou e-commerce est un secteur économique qui n’existe que par Internet. Il est beaucoup plus facile de créer un site en ligne qu’une boutique « physique » tout en proposant davantage de produits (car stockés ailleurs que dans une arrière-boutique) et en touchant une clientèle à la fois plus large et mieux ciblée.
Exemple de nouveau marché : des sites proposent des produits de la ferme en circuit court. Parfois, les demandes sont centralisées par un seul « webmaster-livreur » qui fait bénéficier les consommateurs de ses propres connaissances (réseau d’agriculteurs). Avec cet exemple aussi, on comprend en quoi l’économie numérique est celle de la connaissance.
Du coup, un autre phénomène sociétal lié à Internet est la facilité à devenir micro-entrepreneur. L’ubérisation, phénomène autant économique et que social, est également indissociable des TIC.
Dernière exemple qu’il serait dommage d’oublier : le site web que vous consultez en ce moment vous apporte énormément de connaissances où que vous soyez (à condition d’être connecté, l’option télépathie n’étant pas opérationnelle). Pour préparer un examen, un concours ou un quelconque travail, vous ne perdez pas de temps en recherche. Mais rappelons aussi que pour acquérir certains savoirs, rien ne vaut les livres ! D’ailleurs, ce site ne recycle pas ce qui existe déjà sur le web mais s’appuie sur une large bibliographie…
Propriété intellectuelle
Si l’économie numérique apporte de très nombreuses réponses, elle cause aussi quelques problèmes. Nous avons évoqué quelques aspects économiques et sociaux mais il existe aussi des enjeux de sécurité (prise de contrôle du système d’information d’une PME par des hackers suivi d’une demande de rançon, par exemple) et des problèmes de propriété intellectuelle.
En effet, la circulation de bien immatériels (films, musique, photos, publications scientifiques…) s’accompagne bien souvent… de piratage. Or, si les auteurs ne peuvent plus percevoir de droits sur leurs œuvres, il est logique que la création se tarisse petit à petit. Ainsi les intérêts économiques et les règles morales vont dans le même sens ! Et même lorsqu’il n’y a rien à débourser, la morale n’est pas garantie : nous avons observé sur des sites universitaires et des manuels scolaires le pillage de ce site gratuit, alors qu’il suffisait d’indiquer la source pour que l’éthique soit respectée (nous n’avons jamais fait payer une reproduction de texte ou d’illustration lorsqu’on nous l’a demandé).
La protection juridique de la propriété intellectuelle existe : il s’agit du droit d’auteur. Contrairement au brevet qui doit être déposé pour qu’une invention soit protégée, celui-ci s’applique aux créations (artistiques, littéraires, logicielles…) sans qu’aucune formalité ne soit exigée de la part de leur auteur.