La concurrence pure et parfaite

Fonctionnement d'un marché concurrentiel

Comment fonctionne un marché concurrentiel ?

Le marché concurrentiel est au cœur du système capitaliste. Dans sa forme « pure et parfaite », c’est une vue de l’esprit, un modèle théorique. Mais il est habituel de raisonner sur ce type de représentation pour mieux appréhender les mécanismes économiques, alors allons-y… Après avoir défini ce modèle, nous verrons par quelle magie il s’ajuste de lui-même avant d’aborder la notion de surplus, puis ce qui se passe en cas de rationnement (là où les ennuis commencent).

 

La concurrence pure et parfaite

Un marché de concurrence pure et parfaite obéit à cinq critères.

Hypothèse préalable : les agents économiques sont supposés être rationnels : l’acheteur (demandeur) veut maximiser son utilité ou sa satisfaction et le vendeur (offreur) son profit, chacun sous une contrainte (de budget pour l’un et de capacité de production pour l’autre). Bon, on sait que la rationalité au sens économique n’est pas toujours la norme dans le monde réel (voir la page consommation, marqueur social), mais on fait comme si.

  • L’atomicité. Un marché parfaitement concurrentiel est animé par de nombreux offreurs et demandeurs mais personne en particulier n’a une influence sur le prix supérieure aux autres. On dit que chacun est preneur de prix.

  • L’homogénéité des produits. On devine déjà les limites du modèle : prenez n’importe quel marché et vous trouverez certainement que les offreurs proposent rarement des produits identiques. Même une glace vendue sur la plage n’est pas tout à fait le même produit selon qu’il faut parcourir 20 mètres ou 100 mètres pour l’acheter !

  • homogénéité
  • La liberté d’accès au marché (et la liberté d’en sortir). Tout vendeur et tout acheteur peut accéder au marché sans entrave. Dans la réalité, on ne s’approche de ce critère que dans le cas des produits simples. On ne s’établit pas avionneur comme on s’établit maraîcher.

  • La transparence : l’information circule parfaitement, ce qui permet une réactivité immédiate aux modifications du marché.

  • La mobilité des facteurs : les facteurs de production (travail et capital) peuvent se déplacer instantanément. Par exemple, si la demande diminue sur un produit industriel, on suppose que les producteurs peuvent aussitôt affecter leurs ateliers à la production d’un autre produit.

Lorsqu’une de ces conditions n’est pas vérifiée, la concurrence est dite imparfaite (voir par exemple la page sur l'asymétrie d'information).

 

L’ajustement

Pour le demandeur, le prix diminue en fonction de la quantité. Il est prêt à payer plus cher ce qui est rare. Quant à la courbe d’offre, elle est croissante puisque le coût marginal augmente avec les quantités produites ; il s’ensuit que, pour un prix donné, la recette marginale diminue jusqu’à être nulle et comme l’offreur est rationnel, il refuse de produire à perte et plafonne la quantité produite à ce niveau de profit marginal nul.

Cependant, il est peut-être plus intuitif de raisonner en sens inverse, c’est-à-dire avec une quantité qui est fonction du prix : lorsque le prix est bas il y a beaucoup de demandeurs alors que peu d’offreurs sont intéressés ; au contraire, un prix élevé attire de nombreux offreurs (donc forte quantité de produit) mais limite le nombre de demandeurs. Illustrons : si les radis sont vendus au marché 50 cts la botte, beaucoup de clients en achètent mais dans le même temps les producteurs font la grimace, le prix étant trop bas pour eux. En revanche, si le radis est vendu 3 € la botte, peu de clients sont intéressés, ce qui est dommage pour les agriculteurs car à ce prix-là, ils sont prêt à en cultiver de grandes quantités.

L’offre et la demande globales sont la somme des offres et demandes individuelles. Si les conditions de concurrence pure et parfaite sont respectées, on arrive tout naturellement à une situation d’équilibre (prix et quantité d’équilibre). Graphiquement, cet état se trouve là où se croisent les courbes d’offre et de demande. Le produit s’échange « au prix du marché ». La quantité échangée est telle qu’il n’y a ni pénurie ni surproduction.

 

Les surplus

Pour certains consommateurs, le prix d’équilibre est une aubaine car ils étaient prêts à payer le produit plus cher. Cette différence de prix est appelée surplus du consommateur.

Pour certains producteurs, le prix d’équilibre est aussi une aubaine car ils étaient prêts à vendre le produit moins cher. Cette différence de prix est le surplus du producteur (ou surplus du fournisseur, ou du vendeur).

La somme des surplus individuels est égale au surplus global, c’est-à-dire au bénéfice total que retirent les agents économiques de ce marché. Au prix d’équilibre, l’allocation des ressources est optimale, c’est-à-dire que le bien-être général est à son maximum (attention, ce n’est pas incompatible avec, éventuellement, la pauvreté d’une partie de la population).

Illustration ci-dessous (le surplus des producteurs est l’aire verte et celui des consommateurs est en rose) :

Remarque : il existe sur ce site un exercice de maths sur le surplus du producteur (niveau terminale).

 

Le rationnement

Il peut arriver qu’un prix ne soit pas déterminé par la loi de l’offre et de la demande mais par les pouvoirs publics, par une entente entre producteurs ou par une offre limitée. Que se passe-t-il alors ?

Si le prix est plus élevé que le prix d’équilibre, les consommateurs sont pénalisés. Certains doivent se rationner. Inversement, si le prix est plus bas qu’à l’équilibre, ce sont des producteurs qui doivent se rationner. Dans ces deux situations, le bénéfice total retiré est inférieur au surplus global qui aurait été constaté en situation d’équilibre. Comme le libéralisme est fondé sur la théorie économique néoclassique, elle-même fondée sur cette notion de concurrence pure et parfaite, vous comprenez pourquoi une politique libérale s’accommode mal des interventions de l’État dans l’économie.

Exemple d’un rationnement de l’offre : une salle de spectacle dispose d’un nombre limité de places. Lorsqu’un concert a lieu, il peut arriver que la demande soit largement supérieure à l’offre. Le prix d’un billet étant fixé à l’avance, certains font alors la queue pour acheter des billets dans le seul but de les revendre plus cher.

 

La loi de l’offre et de la demande

Que la variation du prix soit « naturelle » ou imposée, elle entraîne une modification des quantités offertes et demandées. C’est la loi de l’offre et de la demande. Dans une économie de marché, le prix résulte de l'équilibre entre les quantités offertes et les quantités demandées. Par conséquent, le prix est à la fois une cause et une conséquence des quantités échangées.

Des exemples de fonctionnement de la loi de l'offre et de la demande sur divers marchés où la concurrence n'est pas parfaite se trouvent en page d'intensité de la concurrence. Voir aussi les imperfections du marché et les défaillances de l'État.

 

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