Surplus du consommateur et du producteur
Nous abordons ici une notion de microéconomie : le surplus.
La présentation qui suit est une initiation qui trouverait sa place dans un programme de SES de première générale. Nous n’aborderons que les principes, suivis d’un exercice simple. En effet, un exercice sur les surplus est bien proposé sur ce site mais il est de niveau terminale (exercice de spécialité maths puisque les surplus ne sont au programme de SES qu'en première).
Le principe
Il existe deux surplus : celui du consommateur (c'est-à-dire le demandeur) et celui du producteur (ou du fournisseur, ou de l'offreur).
Le surplus du consommateur représente la différence entre le prix que le consommateur est prêt à payer pour un produit et le prix qu’il paie réellement pour l’obtenir. C’est une sorte d’aubaine puisque le prix du marché est forcément le moins élevé des deux (s’il est supérieur à ce que le consommateur est prêt à payer, celui-ci n’achète pas ; donc il n’y a aucun surplus).
Le surplus du producteur représente la différence entre le prix auquel un offreur est prêt à vendre un produit et le prix réel. En d’autres termes, c’est la différence entre ce que les producteurs sont prêts à accepter comme paiement pour leurs biens et services et ce qu’ils perçoivent effectivement.
Exemples
Vous souhaitez acheter un vêtement qui coûte 100 €. Surprise en arrivant à la boutique, il est en solde à 80 €. Votre surplus de consommateur s’élève à 20 €.
Vous assurez une garde d’enfant. Pour cela, vous pensiez recevoir 20 €. Mais on vous en donne 25. Votre surplus de producteur est donc de 5 €.
Le surplus du consommateur
Soit un kilo d’oranges qui vaut, en cette saison, 3,45 € en un lieu donné. Sakura était prête à acheter un kilo au prix de 8 €, Nine au prix de 6 € et Luc à 4,35 €. Leurs surplus de consommateurs s’établissent donc respectivement à 4,55 €, 2,55 € et 0,90 €.
Ci-dessous, ces trois surplus apparaissent entre le niveau de prix du marché (en ordonnée) et la courbe de demande. Ce sont les segments verticaux.
Or la théorie s’appuie sur un très grand nombre de demandeurs. Supposons que ce soit le cas. Donc l’ensemble des surplus se traduit par un grand nombre de segments si rapprochés qu’une aire pourrait parfaitement les représenter (c’est toujours de la théorie puisque vraisemblablement il y aurait plus de segments proches du prix d’équilibre et donc l’aire ne serait pas homogène).
Le surplus du producteur
Appliquons le même raisonnement aux producteurs. Le graphe montre une aire comprise entre la courbe d’offre et le prix du marché.
Importance des surplus
Ces surplus montrent les bénéfices supplémentaires que les producteurs et les consommateurs obtiennent des échanges sur le marché. Lorsqu'il y a un échange volontaire entre un vendeur et un acheteur, les deux parties en profitent. La somme des surplus du producteur et du consommateur représente cette valeur supplémentaire créée par l'échange, appelée surplus global.
Nous avons supposé un système de concurrence pure et parfaite mais le même principe s’applique si le marché n’est pas parfait. Toutefois, le surplus global est moins élevé (il existe une perte sèche). Par exemple, en cas de monopole, le surplus du producteur est beaucoup plus important.
Exercice
Pour terminer, voici un exercice sur une évolution de surplus. Attention, comme il n’est pas une simple application des explications ci-dessus, il réclame une certaine dose de réflexion.
Cinq consommateurs sont susceptibles d’acheter un modèle de trottinette électrique. A peut en acheter une à condition que le prix ne dépasse pas 800 €. B l’achèterait à 750 €, C à 650 €, D à 600 € et E à 550 €. En janvier, la trottinette coûte 640 € mais en février elle est en promotion à 590 €.
Calculer la variation du surplus du consommateur d’un mois à l’autre pour les cinq individus et globalement puis réaliser une représentation graphique de cette évolution. Indication : contrairement aux graphes ci-dessus, on considère que les quantités étant fonction du prix elles figurent en ordonnée. La demande est modélisée par une fonction en escaliers.
Corrigé
Situons-nous en janvier. Le surplus s’établit à \(800 - 640 = 160\) € pour A, à 110 € pour B et à 10 € pour C. La trottinette est trop chère pour D et E. Le surplus global s’établit à \(160 + 110 + 10\) \(=\) \(280\) €.
En février, le surplus s’élève à 210 € pour A, à 160 €, à 60 € pour C et à 10 € pour D. La trottinette est toujours trop chère pour E. Le surplus global est de 440 €. La variation est donc de \(+50\) € pour A, B et C ; elle est de \(+10\) € pour D.
La variation globale du surplus des consommateurs s’établit donc à \(3 \times 50 + 10 =160\) €, que l’on obtient aussi par la soustraction \(440 - 280.\)
C’est maintenant que l’exercice se complique. La représentation graphique ! Nous avons placé l’origine du repère au point de coordonnées \((500\, ;0).\)
La zone rouge représente l’augmentation du surplus des consommateurs. Elle est délimitée par le nouveau prix et l’ancien, ainsi que par la « courbe » de demande. C’est l’empilement de l’augmentation du surplus de A, puis de B, puis de C puis tout en haut de D. Si l’on calcule l’aire de cette zone (somme de quatre rectangles), on retrouve bien 160.