Le financement des agents économiques

Modes de financement de l'activité économique

Le financement de l’économie ne peut se réaliser que si les agents qui ont besoin de fonds peuvent s’adresser à d’autres agents qui, eux, en disposent. Après avoir déterminé ce que sont le besoin et la capacité de financement, nous nous intéresserons plus particulièrement aux besoins des États puis aux différentes possibilités de financement (interne, externe direct et externe indirect).

 

Capacités et besoins de financement

Un jeune ménage souhaite s’offrir une cuisine ou une voiture. Hélas, le compte en banque n’est pas suffisamment approvisionné ! Ce ménage a un besoin de financement.

Une entreprise doit payer ses salariés mais, comme un gros client n’a pas encore réglé une facture, elle n’a pas suffisamment de liquidités pour verser tous les salaires. Elle a un besoin de financement à court terme.

Un conseil municipal a décidé de faire construire un gymnase sur la commune. C’est un investissement trop onéreux pour être financé avec les seuls revenus de l’année (taxes, subventions…). Il faut prévoir un emprunt sur vingt ans. C’est un besoin de financement à long terme.

Un ménage dispose d’un bon niveau d’épargne. Ses besoins de consommation sont couverts sans qu’il ait besoin d’emprunter. Il a une capacité de financement.

Pour résumer, il y a besoin lorsque les emplois sont supérieurs aux ressources et, inversement, il y a capacité si ce sont les ressources qui excèdent les emplois.

Les administrations publiques sont les agents économiques qui ont les plus gros besoins de financement. Globalement, les entreprises ont elles aussi des besoins tandis que les banques et surtout les ménages ont des capacités de financement.

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La situation financière des États

La dette publique est la somme des dettes de l’État, des collectivités locales, de la Sécurité Sociale et de quelques autres organismes.

Les États sont très souvent en situation de besoin de financement. Leurs recettes (impôts et autres prélèvements) ne couvrent qu’en partie leurs dépenses (traitement des fonctionnaires, investissements, prestations sociales…), d’où un déficit budgétaire.

C’est pourquoi la plupart des pays sont endettés. Concrètement, ils émettent des obligations, c’est-à-dire des titres de dette qui sont vendus sur les marchés financiers à de grandes banques. Ensuite ces dernières en revendent une partie, soit à de gros investisseurs privés, soit à d’autres États ayant de forts revenus (Qatar, Arabie Saoudite…) ou dont la population épargne beaucoup (Chine).

À partir d’un certain niveau d’endettement, il devient très difficile de trouver un prêteur. Cette évidence s’applique aussi bien aux ménages surendettés qu’aux entreprises ou aux États. En effet, le montant des intérêts augmente avec l’endettement, ce qui entraîne des besoins de financement supplémentaires. C’est un cercle vicieux. Le niveau d’endettement de certains pays est astronomique (Grèce, Japon) et un remboursement intégral tiendrait du miracle. Les nouveaux emprunts ne servent plus à investir mais à rembourser les précédents.

 

L’autofinancement (financement interne)

L’autofinancement est le fait de financer soi-même ses besoins. Par exemple, un ménage achète un appartement 250 000 €. Pour cela, il emprunte 200 000 €. Son apport personnel de 50 000 € correspond à un montant épargné. Pour les particuliers, on parle d’épargne plutôt que d’autofinancement mais c’est le même principe.

Le rapport entre l’épargne que les entreprises se sont constituée et le montant de leurs investissements est le taux d’autofinancement.

En général, une entreprise autofinance une partie de ses investissements grâce aux bénéfices qu’elle a réalisés auparavant. Si elle n’a pas assez de réserves pour permettre son développement, elle finance le reste de façon externe.

 

Les circuits de financement (financement externe)

Le financement externe est une mise en relation des agents qui ont des besoins de financement avec ceux qui ont les moyens de prêter. Il est direct ou indirect.

Le financement direct est réalisé sur les marchés financiers. Si une entreprise souhaite augmenter son capital, elle émet des actions, c’est-à-dire des titres de propriété. Dans certains cas, elles seront échangées à la Bourse. Si elle a besoin d’un emprunt important sur le long terme, elle émet des obligations qui pourront elles aussi s’échanger sur les marchés. Les obligations sont des titres de créance qui donnent le droit de recevoir des intérêts et d’être remboursé au terme d’une durée le plus souvent connue à l’avance. Pour simplifier, ce n’est pas le capital de l’entreprise qui est découpé en morceaux mais une dette.

Augmenter le capital ou s’endetter sont donc deux moyens d’obtenir des fonds. Le choix d’émettre des actions ou des obligations appartient aux dirigeants et aux actionnaires. Nous l’avons vu, le détenteur d’une action est copropriétaire de l’entreprise (qui est donc une société). Par conséquent, les actuels propriétaires qui ne souscrivent pas aux nouvelles actions auront moins d’influence puisque leurs titres de propriété seront dilués dans un nombre d’actions plus important. Les actionnaires reçoivent chaque année (parfois chaque trimestre) une rémunération : les dividendes. Si la santé financière de l’entreprise se dégrade ou si elle a de forts besoins d’investissements, aucun dividende n’est versé.

Au contraire, l’émission d’obligations permet de conserver la même structure de capital mais ensuite, même si l’entreprise a de forts besoins, elle doit tout de même rembourser sa dette (d’où le terme OBLIGATION). Cette option est donc moins souple.

Le choix ne se pose pas pour une collectivité : comme ce n’est pas une société, l’emprunt est la seule solution.

On qualifie les actions et les obligations de valeurs MOBILIÈRES car elles peuvent circuler entre les agents économiques, comme nous allons le voir.

On parle de marché primaire pour désigner le marché des valeurs mobilières qui viennent d’être émises. C’est sur ce compartiment que les entreprises et l’État se financent. Ensuite, lorsque les valeurs sont échangées (un peu comme sur un marché de l’occasion), on parle de marché secondaire. C’est la Bourse des valeurs pour les actions et le marché obligataire pour les obligations.

La mobilité des actions est parfois impressionante. Elles peuvent être échangées des milliers de fois en quelques secondes. En effet, la plupart des échanges qui s’opèrent à la Bourse sont commandés par des ordinateurs dont la mission consiste à spéculer sur des temps très courts.

Mentionnons également le marché monétaire, pour des échéances de un jour à un an (voire deux). Ce marché informel est constitué de trois compartiments : le marché interbancaire, celui des billets de trésorerie (pour les entreprises) et celui des bons du Trésor (pour l'État).

Quant au financement indirect, c’est celui qui est réalisé auprès des banques. Pourquoi indirect ? Parce que les banques ne sont qu’un intermédiaire. Elles utilisent l’argent qu’elles ont en dépôt (donc l’épargne des agents qui sont en capacité de financement) pour les transformer en crédits (donc en le prêtant aux agents qui ont un besoin de financement). Mais ces emprunts-ci ne sont pas « découpés » en obligations échangeables, ce ne sont pas des valeurs mobilières.

Bien sûr, le service bancaire n’est pas gratuit. Son prix comporte deux volets : les frais bancaires et les intérêts.

La part des crédits accordés par les institutions financières rapportée au total des investissements des agents non financiers est le taux d’intermédiation (sont donc exclus les financements par les marchés financiers). Ce taux est en diminution depuis le milieu des années 80 mais les banques ont suivi le mouvement en développant des activités d’intermédiation sur les marchés. Bien sûr, le succès des introductions en Bourse ne concerne qu’une minorité d’entreprises. Il s’agit d’une procédure lourde qui n’est pas adaptée aux PME.

 

capacité de financement