La monnaie

Formes et fonctions de la monnaie

L’argent tient une place si importante que, dans le langage populaire, il est désigné par de nombreux synonymes (les tunes, le fric, le pognon…). Dans les affaires, le vocabulaire varie selon sa nature et sa destination (dépense, recette, épargne, liquidités…). Mais le terme qui désigne l’argent de façon générale en macroéconomie, c’est la monnaie. La monnaie, ce ne sont pas les quelques pièces que nous rend le boulanger mais l’argent dans tous ses états. Voyons sous quelles formes existe ou a existé la monnaie puis en quoi elle est devenue indispensable.

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Au départ était le troc

Un bien ou service peut être directement échangé contre un autre. Pas de monnaie. Chaque échangiste en retire une utilité supérieure de ce qu’il a reçu par rapport à ce qu’il a donné. C’est le troc.

Plusieurs inconvénients majeurs. D’abord, un bien possède tout de même une valeur intrinsèque et il faut qu’elle soit à peu près la même pour les deux parties. Ce n’est pas parce qu’on possède une seconde voiture dont on se sert peu que l’on est prêt à l’échanger contre un kilo de cerises. Sinon, il faut trouver une soulte, c’est-à-dire une autre marchandise pour compenser la différence de valeur. Exemple : les Mayas ne connaissaient que le troc ; la soulte pouvait prendre la forme de petites haches de cuivre, de grains de cacao, de pièces de tissu, etc.

Ensuite, l’information doit circuler. Et parfois circuler vite (pour échanger les produits périssables !). Sinon, comment savoir qui a besoin de quoi ? C’est la raison pour laquelle le troc ne peut exister que dans des communautés très restreintes. Toutefois, Internet rend aujourd'hui l’information beaucoup plus accessible et le troc pourrait bien retrouver une seconde jeunesse.

Quoi qu’il en soit, il est apparu plus commode d’utiliser un système de pièces contenant une certaine valeur de métal échangeables contre des marchandises. On en attribue l’invention à Gygès, roi de Lydie (dans l’actuelle Turquie) au septième siècle av. J.C. Aujourd'hui, la monnaie conserve ses caractéristiques historiques : acceptée par tous, utilisable sans coût et disponible immédiatement.

 

Les formes de monnaie

La première forme a été la monnaie-marchandise, c’est-à-dire un objet ou une matière suffisamment rare et appréciée. Ce peut être un produit de la nature (coquillages, plumes…) mais le plus souvent, il s’agit de monnaie métallique. Entendez par là un métal précieux (or, argent…) et non les alliages de nickel ou de cuivre avec lesquels nos pièces courantes sont fabriquées. Le système a duré pendant des siècles avant d’être progressivement remplacé par la monnaie fiduciaire (billets de banque et monnaie divisionnaire, c’est-à-dire les pièces). Aujourd’hui, des pièces de métal précieux ayant cours légal sont toujours frappées mais elles sont surtout destinées aux collectionneurs.

pièce

Toute la monnaie d’un pays est en principe constituée du même métal. Le bimétallisme a existé mais, comme l’exprime la loi de Gresham, « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Par exemple, les pièces d’argent sont utilisées pour les échanges tandis que les pièces d’or sont jalousement gardées au cas où… Notez que cette confiance en l’or ne s’est jamais démentie puisque des tonnes de lingots dorment encore dans les réserves des banques centrales.

La valeur de la monnaie fiduciaire est basée sur la confiance (en latin, fiducia signifie confiance, assurance). En effet, il ne faut pas douter des capacités de l’État à assurer la pérennité de cette valeur pour que chacun admettre qu’un morceau de papier vaut bien une certaine somme d’argent.

À leur création au dix-huitième siècle, les billets étaient convertibles en or. Leur rôle était d’éviter de s’encombrer les poches avec de lourdes pièces. Puis la valeur des billets de banque ne fut plus garantie. Mais le système fonctionne tant que les agents économiques y adhèrent. Ainsi, en période de forte inflation, il est arrivé que l’argent ne vaille plus rien parce que justement, personne n’avait confiance. L’exemple emblématique est celui de l’Allemagne des années 1920 : en 1923, un verre de bière coûtait… quatre milliards de marks. Ci-dessous, un timbre-poste d’un milliard :

1 milliard

Aujourd'hui encore, les habitants de nombreux pays n'ont pas confiance dans leur monnaie nationale, notamment en raison de l'inflation consécutive aux dévaluations, et il est fréquent que les transactions quotidiennes s'effectuent en devises (dollars US ou euros).

La monnaie est aussi devenue scripturale, c’est-à-dire qu’elle permet de régler des échanges par une simple écriture (chèque) ou de façon électronique (virement, carte bancaire). La masse monétaire sur laquelle elle se fonde est celle des dépôts à vue (comptes en banque). Ainsi, la monnaie s’est progressivement dématérialisée et actuellement, les échanges de billets ne représentent plus qu’une infime partie des échanges. Il est d’ailleurs probable que la monnaie fiduciaire disparaîtra un jour au profit de la monnaie électronique.

Tout comme la monnaie fiduciaire et même davantage, la scripturale repose sur la confiance (puisqu'il faut aussi faire confiance au système bancaire).

 

Les fonctions de la monnaie

Depuis Aristote, on reconnaît trois fonctions ÉCONOMIQUES à la monnaie.

Nous avons déjà évoqué la première d’entre elles, qui est d’être un intermédiaire entre les échanges. Un rôle qui en découle est celui d’éteindre les dettes : la monnaie a un pouvoir libératoire.

Une deuxième fonction est de servir d’étalon, c'est-à-dire d'unité de compte. Un prix est une référence. Si deux articles affichent deux prix différents, on sait immédiatement lequel vaut plus cher que l’autre alors que dans un système de troc les comparaisons sont beaucoup plus compliquées. Un monde sans argent, c’est comme un monde sans kilomètres ni minutes : on ne peut pas mesurer !

Sa troisième fonction est de servir de réserve de valeurs : la monnaie intègre le passé lorsqu’elle est accumulée (épargne) et elle permet de réaliser par anticipation des projets (crédit). Elle lie donc le passé et l’avenir. Ce rôle n’existe plus en cas d’hyperinflation et elle est alors remplacée par les métaux précieux, l’immobilier, etc.

D'autres fonctions économiques sont apparues depuis Aristote : spéculation, instrument de politique économique.

Enfin, mentionnons l'importance sociale de la monnaie.

Une fonction, aujourd’hui disparue de la plupart des pays est celle d’instrument de pouvoir. Ainsi les pièces étaient autrefois frappées de l’effigie du souverain, qui se rappelait ainsi au bon souvenir des agents économiques lors de chaque transaction.

Surtout, l’argent participe au lien social. C’est donc un élément de la culture d’un pays parmi beaucoup d’autres (drapeau, sportifs et artistes nationaux…).

 

Pour aller plus loin...

Voir la page qui traite de la création monétaire.

 

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