Première approche du marché
Au sens large, le marché est un mécanisme sur lequel se sont fondés tous les systèmes économiques depuis la préhistoire (le commerce est apparu au néolithique). Mais au fait, LE marché ou LES marchés ? Cette page présente une initiation simple de cette notion incontournable. Son niveau est celui d’une classe de seconde mais elle peut rafraîchir la mémoire de ceux qui ont dépassé ce niveau d'étude...
Qu’est-ce qu’un marché ?
Un marché est une confrontation entre une offre et une demande. Il y a marché dès lors qu’il y a transaction, c’est-à-dire lorsqu’on ne peut pas obtenir un bien librement dans la nature ou qu’on ne peut pas produire un service soi-même (ou se faire aider gratuitement). La monnaie facilite les échanges mais elle ne définit pas le marché et l'on parle aussi de « marché de troc ».
Les offreurs sont les vendeurs et les demandeurs sont les acheteurs. Généralement, un offreur cherche à obtenir le plus d’argent possible de sa vente tandis que le demandeur cherche à satisfaire ses besoins à un prix acceptable compte tenu de ses revenus.
Un marché peut être physique, c’est-à-dire se trouver en un lieu précis, ou virtuel (transactions téléphoniques ou informatiques). Une brocante est un lieu où les acheteurs et les vendeurs se rencontrent réellement, ce qui n'est pas le cas de plusieurs types de marchés où ce sont très souvent des logiciels qui échangent en fonction de signaux sans qu'aucun humain n'intervienne.
Il existe quatre grandes catégories de marchés : des biens et services, des facteurs de production (notamment du travail), des capitaux et des changes. On pourrait penser qu’elles n’ont rien à voir. Erreur ! Derrière ces réalités très différentes se trouve le même mécanisme. Par exemple, sur le marché du travail s’échangent des demandes de compétences (venant des employeurs) et des offres (de la part des individus), le prix étant le salaire.
Ces catégories se déclinent à l’infini. Par exemple, le marché immobilier est un marché de biens. Sans autre précision, il s’agit de l’immobilier dans un pays donné ; mais on peut aussi se restreindre à une région, à une différence entre le neuf et l’ancien, selon le type d’habitation, selon le lieu (rural, urbain, périurbain), etc. Le marché du neuf dans l’Essonne n’a pas les mêmes caractéristiques et ne présente pas la même évolution que le marché de l’ancien à Lyon. Il existe donc bien de très nombreux marchés.
Sur l'extraordinaire variété des marchés, voir la diversité des marchés.
L'équilibre et le prix
Soit un marché donné. Celui des stylos, des services bancaires, de la glace à la framboise, peu importe.
L’offre et la demande se rencontrent en un prix d’équilibre. Le graphe ci-dessous est certainement le plus connu de toute la science économique :
Explications.
Les prix sont en ordonnées et les quantités en abscisses. Ceci signifie que ce sont les prix qui dépendent des quantités et non l'inverse.
Pourquoi la courbe de demande baisse-t-elle (ou pourquoi la fonction de demande est-elle décroissante, si vous faites le lien avec le cours de maths) ? Il doit vous paraître logique que là où la quantité est élevée le prix est faible et inversement. Prenons l'exemple de l'immobilier. À certaines périodes il y a peu de logements disponibles, donc les acheteurs sont prêts à y mettre le prix pour se loger. En revanche, quand il y a beaucoup de logements à vendre, ils font jouer la concurrence pour faire baisser les prix.
Et pourquoi la courbe d'offre monte-t-elle ? Le mécanisme est au programme de première. Pour simplifier, les coûts sont élevés lorsqu'on produit beaucoup. Donc si les quantités mises sur le marché étaient très importantes, les entreprises ne pourraient vendre que si les prix du marché étaient élevés. À l'inverse, elles acceptent de commercialiser de faibles quantités d'un bien dont le prix est faible parce qu'il ne leur aura pas coûté très cher à fabriquer.
Un marché n'est pas forcémenté équilibré. Il peut y avoir des offreurs qui n'arrivent pas à écouler leur production ou des demandeurs qui voudraient bien acheter mais qui ne trouvent le produit nulle part. Mais si les règles de la concurrence sont respectées, il arrive un moment où cet équilibre est atteint (selon la théorie).
À ce point d'équilibre, où les quantités offertes sont égales aux quantités demandées, correspond un prix.
Le prix est la quantité de monnaie nécessaire pour se procurer ce qui est vendu sur un marché. Mais il n’est pas qu’une conséquence logique de deux courbes qui se croisent. Les offreurs peuvent augmenter leurs prix et la quantité demandée s’ajustera « automatiquement ». Par exemple, si le prix du blé est en hausse et que les boulangers répercutent ce coût supplémentaire sur le prix du pain, alors les consommateurs s’adapteront. Comment ? Certains en mangeront moins et ceux qui en achèteront autant qu'auparavant accepteront de le payer plus cher. Le processus est expliqué en page de dynamique de l'équilibre (programme de première).
Il existe plusieurs systèmes très différents de fixation d'un prix mais nous n’en développerons que deux.
Le premier, nous l’avons vu, est la rencontre entre une offre de vendeurs et une demande d’acheteurs. C’est ainsi que le prix d’une action est fixé à la bourse. Quand c'est juste la rareté du produit qui fait le prix, nous nous situons dans ce cas de figure (timbres de collection, cartes Pokémon...). S’il existe de très nombreux vendeurs (qui ne s’entendent pas entre eux sur les prix) et de très nombreux acheteurs, c’est le principe de la concurrence parfaite, de l’économie « de marché » (voir la concurrence pure et parfaite).
L’autre approche, c’est lorsque le prix est déterminé par des coûts.
Quelle est la différence entre un prix et un coût ? Les deux sont des sommes d’argent qui servent à payer une contrepartie. Le prix, c’est celui qui s’établit sur un marché, lors d’une transaction. Le coût, c’est un ensemble de frais qui est incorporé dans un produit (bien ou service). Par exemple, lorsque le boulanger achète sa farine, celle-ci a un prix. Ensuite, l’équivalent monétaire de la farine qui se trouve dans le pain représente un coût. L’ensemble des coûts qui se sont additionnés dans le produit au moment de sa vente est appelé coût de revient (et non « prix de revient », qui est une expression impropre). Pour établir son prix, le vendeur ajoute à ses coûts une marge bénéficiaire. Si le produit est simplement acheté, par exemple chez un grossiste, pour être revendu plus cher, par exemple à un particulier, la différence entre les prix d’achat et de vente est appelée marge commerciale.
Donc, un ou plusieurs offreurs peuvent augmenter leurs prix de vente. Soit pour accroître leurs marges, soit pour répercuter sur leurs clients une augmentation de leurs coûts parce que les demandeurs ne peuvent pas se passer du produit et qu’ils l’achèteront malgré la hausse du prix. On dit alors que l’élasticité-prix est faible. Les produits de première nécessité se trouvent dans ce cas de figure. Mais parfois, pour les produits à forte élasticité-prix, il peut suffire d’une infime hausse du prix pour que la demande s’effondre car les clients ne sont pas prêts à accepter cette augmentation.
À l’inverse, un offreur qui a déjà fixé un prix peut chercher à diminuer ses coûts afin d’accroître sa marge, soit par des gains de productivité, soit en produisant et en vendant de plus grandes quantités pour réaliser des économies d’échelle (stratégie de domination par les coûts).
Par ailleurs, des vendeurs peuvent s’entendre pour pratiquer les mêmes prix (cartels), ce qui « fausse le marché », c’est-à-dire que le prix n’est pas fixé par un jeu normal d’offres concurrentes et de la demande.
Enfin, certains marchés sont réglementés et d’autres le sont beaucoup moins. Par exemple, celui du travail est soumis dans de nombreux pays à un salaire minimum. Autre exemple, des produits doivent recevoir des autorisations pour être vendus pour des raisons de sécurité, de risque de pollution, etc. Cette réglementation peut contrarier le principe d’une détermination quasi « naturelle » du prix ; mais son rôle est aussi de permettre une meilleure efficacité en interdisant les ententes.
Pour aller plus loin, voir les pages sur la connaissance du marché et l'intensité de la concurrence.