Modes de production, externalisation
Si les activités humaines ont généré d’innombrables produits, elles se sont aussi traduites par une très grande variété de modes de fabrication. Rassurez-vous, nous n’en ferons pas la liste. Nous aborderons juste les principaux modes de production, y compris le choix de l’externalisation.
La fonction de production
La production est la transformation d'inputs (matières premières, données...) en outputs (produits à destination de consommateurs ou d'entreprises en vue d'une nouvelle transformation).
Les biens et services sont des produits qui répondent à des besoins plus ou moins affirmés. Leur élaboration nécessite des facteurs de production : ressources humaines, matérielles et financières en proportions très variables.
Les biens sont les productions des secteurs primaire et secondaire tandis que les services sont les productions du secteur tertiaire.
Le processus
Le processus de production est un enchaînement d'étapes au cours desquelles l'entreprise crée de la valeur. C'est une notion plus large que la fabrication, qui est une partie du processus puisque la production comprend d'autres étapes en amont : conception, organisation...
Ce terme s'applique aussi aux filières. Prenons un exemple très simple. Un maraîcher produit des abricots (secteur primaire). Ceux-ci sont transformés en confiture par ajout de sucre et cuisson (secteur industriel ou secondaire). Après conditionnement en bocaux, on obtient un produit fini. En effet, l’industrie transforme des matières premières en produits semi-finis puis en produits finis. Ceux-ci sont stockés puis expédiés chez des détaillants pour être vendus aux consommateurs, faisant leur entrée dans le secteur tertiaire (le commerce, en l’occurrence).
Quant au service, il réclame souvent la participation du consommateur. Exemple : un chirurgien a besoin que son patient soit présent pour l’opérer.
Une production est marchande si elle doit dégager un profit et non marchande si elle est issue d’organisations publiques ou d’associations.
Les modes de production
On distingue la production unitaire de la production standardisée. Cette typologie existe aussi bien pour les biens que pour les services.
Standardisée, elle existe sous deux formes : discontinue et en continu.
En continu, le flux ne s’arrête pas de la journée (électricité, sidérurgie, etc.). Ce sont des contraintes techniques qui imposent la continuité d’une production, par exemple l'utilisation de fours ou la fluidité des produits (shampooings, yaourts...). Il n'y a ni stock intermédiare, ni produit semi-fini, ni en-cours. On parle d'industrie de process mais, comme nous allons le voir, la production en continu ne s'applique pas qu'à l'industrie.
La production discontinue s’est développée avec le fordisme et elle fournit la plupart des objets de notre vie quotidienne. On parle aussi de production en séries. Si celles-ci sont petites ou moyennes, il s'agit d'une production par lots tandis que la grande série est synonyme de production de masse. Bien que nécessitant souvent des investissements importants, ce mode de production permet de réduire fortement les coûts.
Quant à la production unitaire, elle est liée au bâtiment (construction d’un pont, d’un immeuble...) ou encore à l’artisanat, à la construction navale, à l’art... Les secteurs d’activité concernés sont donc hétéroclites. On parle aussi de production à la commande, c’est-à-dire personnalisée. Mais ce terme n’est pas tout à fait synonyme de production unitaire puisque des objets artisanaux uniques ou des œuvres d’art peuvent être réalisés sans avoir été commandés par un client.
Ces distinctions ne s'appliquent pas qu'à l'industrie. On peut aussi choisir des exemples dans le secteur primaire : l’élevage de purs-sangs est une production unitaire, la culture de betteraves sucrières à une production en série tandis que l’extraction pétrolière est continue. Dans le secteur tertiaire, on peut considérer qu’un trajet en taxi est une production unitaire puisqu’il s’agit de sur-mesure tandis qu’un trajet en bus se rapproche de la série. Enfin, la mise à disposition d’autoroutes ou de voies ferrées est un service continu.
Le mode de production d’une entreprise dépend des ressources dont elle dispose, des contraintes techniques et de décisions stratégiques.
Le pilotage d’une production industrielle n’est pas le même selon que le moteur est à l’avant ou à l’arrière. Entendez par-là que le niveau de production peut être décidé en amont sur la base de prévisions de ventes, et l’on parle de flux poussés, ou au contraire être imposé par le rythme des commandes des clients auquel cas on parle de flux tirés. Des stocks existent à chaque stade de la production. Mais ils sont toujours trop coûteux ! Un pilotage par l’aval combiné à une disparition des stocks est qualifié de flux tendu (ou organisation en juste-à-temps). Une étape de production n’est déclenchée que lorsque la suivante est assurée d’être écoulée. Lorsqu’une production est réalisée à la commande, il n’existe en principe pas de phase de stockage.
Le mode de production n’est pas figé. Il s’adapte à l’environnement, aux mutations technologiques… Sur le long terme, il doit aussi accompagner les évolutions de la société. Globalement, une génération n’accepte guère de travailler dans les mêmes conditions que la génération précédente. Actuellement, les entreprises cherchent d’une part la flexibilité de l’appareil productif, c’est-à-dire des machines ou des salariés relativement polyvalents et d’autre part l’externalisation qui se traduit en principe par des coûts moins élevés.
L’externalisation
L’externalisation de la production consiste à confier une partie de l’activité à un ou plusieurs fournisseurs et sous-traitants. Là encore, décomposons.
Le sous-traitant de capacité est celui qui produit la même chose que l’entreprise donneur d’ordres, soit lors d’évènements particuliers (pannes ou périodes de forte demande) soit en complément habituel de l’activité normale. Le recours à ce type de sous-traitance a souvent pour but de produire à moindre coût.
Le sous-traitant de spécialité est celui qui possède un savoir-faire que n’a pas le donneur d’ordres.
D'autres formules d'externalisation existent. Le contrat de franchise ou de concession est très courant dans le commerce. Le parrainage est moins fréquent mais il se développe : une entreprise aide l'un de ses anciens salariés à développer une activité en rapport avec la sienne. Elle ne le rémunère pas mais lui offre des facilités (par exemple en l'hébergeant dans ses propres locaux). Les sociétés de portage salarial permettent aux travailleurs indépendants de percevoir un salaire (essentiellement dans le conseil). À l'inverse, l'ubérisation qui se développe actuellement consiste à employer des particuliers ou des autoentrepreneurs sans aucun contrat de travail. Etc.
Cependant, l’externalisation n’est pas exempte de désagréments. Les ressources et la production sont souvent mal contrôlées. S’il existe des défauts de qualité, le donneur d’ordres en assumera les conséquences. De plus, un sous-traitant peut se retirer du circuit de production, soit pour des raisons financières (au pire, dépôt de bilan) soit pour obéir à un objectif stratégique (éviction du donneur d’ordres au bénéfice d’un autre, par exemple).