Généralités sur le bilan
Le bilan : combien de millions d’individus se sont déjà penché sur ce type de document, depuis l'étudiant jusqu’au comptable obligé de travailler tard le soir pour le boucler, en passant par l’analyste financier dont il constitue une matière première de sa mission ? Pour le néophyte, faisons une petite présentation de ce fameux document (selon les normes françaises et belges).
Présentation
Le bilan (balance sheet) est un document comptable obligatoire. C’est une photographie du patrimoine et des ressources d’une entreprise, prise chaque année en fin d’exercice comptable (accounting year) et parfois plusieurs fois par an.
Le patrimoine est à l’actif. Cet actif est composé d’immobilisations, c’est-à-dire de la valeur de biens matériels et immatériels durables (fonds de commerce, terrains, immeubles, machines…) et de « circulant » que sont essentiellement les stocks, les créances sur les clients et les liquidités.
Tout ce que l’entreprise doit aux tiers est représenté par le passif. Cette notion de « dû » est très large puisque elle inclut le capital « dû » aux actionnaires (ou autres détenteurs de parts) et dont une partie provient peut-être de bénéfices réalisés dans le passé. Le passif inclut aussi des emprunts à long terme ou encore les provisions (argent mis de côté en prévision d’un risque ou d’une dépense déjà générés). D’autres ressources sont à plus court terme, notamment des dettes auprès de fournisseurs ou des découverts bancaires.
Si le résultat arrêté à la date du bilan est un bénéfice, il se trouve au passif mais il a pour vocation à être versé aux actionnaires et / ou réinvesti dans les ressources durables. C’est pourquoi il existe un bilan AVANT et un bilan APRES répartition du résultat. Ce dernier est moins souvent analysé que le premier, qui a le mérite de faire apparaître le résultat et qui est souvent publié plusieurs mois avant… Une éventuelle PERTE figure également au passif, en diminution des autres postes.
Les éléments du bilan sont placés dans un ordre précis qu’on ne détaillera pas ici. Ils respectent bien sûr la nomenclature du plan comptable. Signalons juste que le haut de bilan est composé des postes les plus « stables » (immobilisations à l’actif, capital au passif) et que plus on descend dans le document, plus les éléments qui y sont inscrits relèvent des affaires courantes… Attention, c’est bien la nature des éléments qui importe et non leur terme : un emprunt obligataire ne descend pas dans le bilan quand il approche de l’échéance !
Très sommairement, on peut en présenter ainsi les grandes lignes (non valable pour le bilan d’une banque).
Actif | Passif |
Immobilisations : - incorporelles (brevets, fonds de commerce...) - corporelles (constructions, machines...) - financières (participations...) Stocks Créances Valeurs mobilières (actions, obligations...) Disponibilités (solde bancaire créditeur...) |
Capitaux propres Résultat Provisions (pour risque...) Dettes à long terme (emprunts obligataires...) Dettes auprès des banques Dettes auprès des fournisseurs |
Bien sûr, tout est inscrit en valeur, dans la même monnaie. Selon les comptes, il s’agit de créances, de dettes, de comptes bancaires, d’espèces, mais aussi de la valorisation monétaire de biens physiques : immobilisations et stocks d’achats ou de produits finis (voir page valorisation des stocks). Certains de ces actifs subissent des dépréciations dans le temps et on en tient compte. C’est pourquoi l’actif de l’année n ne figure pas sur une colonne mais trois : le brut (au prix d’achat), les amortissements (dépréciations) et le net (différence entre les deux colonnes précédentes).
Un exemple beaucoup plus complet figure en page de liasse fiscale.
L’actif (net) est forcément égal au passif. C’est le B.A-BA de la comptabilité. Par définition, un bilan déséquilibré n’existe pas.
On l’a vu, le bilan n’est qu’une photo, évidemment insuffisante pour établir le diagnostic financier d’une entreprise. On y indique donc les chiffres de l’exercice qui vient de se terminer mais aussi ceux du précédent, pour comparaison. Deux photos valent mieux qu’une, mais l’amélioration reste limitée. C’est pourquoi d’autres documents complémentaires sont indispensables : le compte de résultat et les annexes.
Publication
La publication des comptes est obligatoire. Ceux-ci sont contrôlés (par des commissaires aux comptes lorsque l’entreprise atteint une certaine importance). Ce sont des références vis-à-vis des tiers, par exemple pour les banques qui accorderont ou non un prêt en fonction de leur air plus ou moins sympathique. Une version allégée du bilan est établie par les petites entreprises, en fonction du régime fiscal auquel elles sont soumises. Plusieurs logiciels se chargent volontiers d’éditer les comptes sur les mêmes imprimés que ceux transmis par le fisc. Quelquefois, des applications Excel sont développées en interne.
Les objectifs des documents comptables sont multiples. Du coup, le bilan tel qu’il est légalement établi ne peut être adapté à toutes les finalités.
Utilisateurs
Le bilan est surtout destiné à évaluer la structure financière de l’entreprise.
Il est bien sûr analysé en interne, par les dirigeants et les partenaires sociaux. Mais les tiers sont nombreux à décortiquer les chiffres…
Le fisc : pour que celui-ci calcule le montant de l’impôt sur les bénéfices, quelques postes comptables peuvent subir des aménagements et le résultat fiscal diffère souvent du résultat comptable.
En France, la Banque centrale collectait toutes les liasses fiscales du pays, leur traitement permettant de fournir diverses informations (statistiques, scoring corporate…).
Enfin et surtout, le bilan est communiqué aux différents acteurs indispensables à la vie de l’entreprise : actionnaires, banques, fournisseurs, etc. À cette occasion, le bilan comptable est toujours plus ou moins retraité par les uns et les autres.
Traitements et retraitements
Faire parler les comptes d’une entreprise est une activité non seulement nécessaire mais aussi intellectuellement stimulante (enfin, à notre avis…). La quantité d’informations déduite de ces données est impressionnante pour le néophyte et les diagnostics financiers qui s’ensuivent permettent d’envisager l'avenir de l'entreprise. Pourtant, la photo représentée par un bilan est souvent trompeuse (nous ne pensons pas aux petits habillages volontaires mais à la non prise en compte de la saisonnalité des activités, par exemple).
Autre écueil, l’approche comptable du bilan est patrimoniale. Une vision plus économique nécessite la réalisation d’un autre document qui est le bilan fonctionnel. Inventé par les analystes financiers, il n’a pas de valeur légale. Dans ce document-ci, le classement des éléments n’est pas opéré selon une considération d’actif ou de passif mais en termes d’emplois et de ressources, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.
Le bilan fonctionnel permet l’analyse de l’équilibre financier. Les notions principales qui s'en dégagent sont celles de fonds de roulement (différence entre ressources permanentes et immobilisations), de besoin en fonds de roulement (différence entre l’actif circulant et les dettes qui lui sont liées) et de trésorerie nette (le solde entre les deux précédents, qui est aussi le solde entre trésoreries active et passive).
Enfin, le traitement des évolutions des comptes du bilan autorise des analyses dynamiques. On établit alors des tableaux de flux, tels le tableau de financement.