Travail, qualification et compétence
À force d’entendre parler du « coût du travail », on en viendrait presque à oublier le principal : le travail est d’abord une ressource (voir l'évaluation du travail). Certes, les salaires se traduisent en comptabilité par des charges financières mais, si l’on résume ce qu'aurait dit Jean Bodin, précurseur des économistes, « il n’est de richesse que d’hommes ».
Définitions
Le Petit Larousse donne plusieurs définitions du travail. Retenons-en deux.
- Activité de l'homme appliquée à la production, à la création, à l'entretien de quelque chose. Cette définition est très large car elle englobe les travaux non rémunérés (activités domestiques, rédaction de ce site web...). Mais elle a aussi un petit côté philosophique puisqu'elle restreint le travail à l'activité humaine : si un chimpanzé brise une petite branche et l'effeuille pour l'introduire dans une termitière afin d'en extraire d'appétissants occupants, ce n'est pas du travail ; mais lorsque nos ancêtres éclataient des galets il y a un million d'années, c'en était.
- Activité professionnelle, régulière et rémunérée. On peut s'intérroger sur l'adjectif régulière (un intermittent du spectacle ne travaille pas ?) mais surtout sur le fait d'être rémunéré. Faire le ménage chez soi n'est pas du travail, au contraire de faire la même chose chez un particulier employeur.
Malgré ses limites, nous considérerons la seconde définition.
Une considération du travail évolutive
Dans l'Antiquité mais aussi à des périodes beaucoup plus récentes dans certaines civilisations, le travail était méprisé car réservé aux esclaves et aux serfs. D'ailleurs, le terme vient du latin tripalium qui était un instrument de torture... Le premier à donner de la noblesse à l'action de travailler fut saint Benoît de Nursie (première moitié du sixième siècle). Ce n'était pas dans un dessein économique : il souhaitait que les moines s'abaissent au niveau des plus humbles. Et au cours des siècles suivants, le prestige des bénédictins se traduisit par une évolution des mentalités. Toutefois, ce n'est que depuis le dix-huitième siècle que le travail est considéré comme un facteur de production.
L’activité de travail dans une organisation
C'est en entreprise que le travail est un facteur de production. Il est rémunéré en contrepartie de sa création de valeur (certes, pas toujours de façon juste mais c’est un autre débat !).
Dans une collectivité publique, le travail consiste généralement à produire des services non marchands. Il est là aussi rémunéré.
Une association n’a pas pour but de dégager un bénéfice. Elle remplit une mission d’utilité sociale. Le travail au sein d’une telle organisation est soit rémunéré, soit bénévole. Un travail non rémunéré n’est certes pas un emploi mais il reste un travail !
Ci-dessous, Travail (Michel Journiac, 1974, musée d'Art moderne de Paris)
L’environnement
Les conditions de travail sont un ensemble d’éléments matériels et environnementaux (locaux, température, niveau sonore...), organisationnels (rythme, horaires, organisation du travail…) et psycho-sociaux (relations de travail niveau de responsabilité…). Elles impactent le bien-être des individus, donc leur comportement et leur productivité. Voir le suivi des autres conditions de travail (rubrique du bilan social).
L’ergonomie est la science qui a pour objet l’amélioration les conditions de travail, en particulier les conditions physiques. Elle vise à adapter le poste de travail à l’individu, contrairement à l’activité de recrutement qui cherche à choisir un individu pour un poste.
De mauvaises conditions de travail sont sources de stress et de dysfonctionnements tels que défauts de qualité, absentéisme, démissions, conflits sociaux, accidents du travail et productivité insuffisante. Bref, un cauchemar. Pour l’employeur, ces dysfonctionnements entraînent des coûts cachés, c’est-à-dire des coûts ou des manques à gagner qui n’apparaissent pas dans la comptabilité comme liés aux conditions de travail mais qui le sont pourtant.
La presse se fait parfois l’écho de séries de suicides dans certaines entreprises. Au-delà des drames individuels engendrés par des situations désastreuses, les employeurs doivent avoir conscience de l’image dévastatrice que peut renvoyer durablement leur organisation dans l’opinion publique et plus particulièrement à leur clientèle. Sans parler des risques de condamnation judiciaire…
Au contraire, de bonnes conditions sont propices à la motivation et à la performance. Ainsi, les entreprises qui demandent une grande créativité à leurs salariés leur offrent toujours un cadre agréable (comme le font souvent les sociétés d’informatique). C’est aussi un argument pour favoriser les candidatures aux profils rares et très demandés. Toutefois, la motivation ne trouve pas sa source dans les seules conditions de travail mais surtout dans sa gratification. « Le travail sans motivation est de plus en plus ressenti comme une aliénation au système social exigeant une production accrue au bénéfice de quelques-uns et non de tous » Henri Laborit, Éloge de la fuite (Gallimard) 1976 p.104.
Le droit encadre les conditions de travail afin de protéger les salariés. Les mesures de protection concernent les trois catégories de conditions de travail. Exemples : accès aux extincteurs et issues de secours (conditions matérielles), législation sur les 35 heures ou sur les congés payés (conditions organisationnelles), prévention du harcèlement, salaire minimum (conditions psycho-sociales)…
On ne les mesure pas sur une échelle globale mais, en France, les indicateurs susceptibles de révéler des dysfonctionnements font l’objet d’un suivi dans le bilan social pour les entreprises qui y sont astreintes. Par ailleurs les DRH établissent des tableaux de bord sociaux pour suivre des évolutions et permettre un « pilotage » des ressources humaines, en améliorant au besoin les conditions de travail.
La qualification
La qualification individuelle est un ensemble de connaissances et d’expériences acquises lors d’une formation initiale ou d’une activité professionnelle. Afin d’être reconnue, une formation peut être sanctionnée par un examen (diplôme, certificat, concours…).
Ainsi, la qualification d’un individu détermine sa capacité à être recruté mais aussi la possibilité pour lui de prétendre à un certain niveau de rémunération, à une place dans l’organigramme, à une formation...
On définit aussi la qualification d’un poste de travail. C’est la qualification de l’emploi, qui est un ensemble d’aptitudes requises.
Par conséquent, une procédure de recrutement s’apparente à la recherche d’une adéquation entre deux qualifications : celle du poste et celle du candidat. Mais la qualification ne fait pas tout. Il faut aussi des compétences.
Les compétences
Depuis le milieu des années 80, la notion de compétence a supplanté celle de qualification. Une compétence est la traduction d’une subtile combinaison entre les connaissances, l’expérience et les qualités professionnelles. On emploie parfois l’expression un peu désuète « savoir, savoir-faire, savoir-être ».
Contrairement à l'habileté, la compétence s'apprécie dans un contexte donné. Il s’agit de capacités que l’individu peut mobiliser face à des situations, indépendamment des exigences techniques du poste occupé. Elles se traduisent en actions lors d’une initiative ou d’une prise de responsabilité.
Ainsi, si l'on vous demande vos compétences lors d'un entretien d'embauche, respectez l'ordre verbe \(\Rightarrow \) complément \(\Rightarrow\) contexte. Par exemple, vous savez capter un auditoire lors d'une réunion ou vous savez rédiger un rapport en situation d'urgence.