Enjeux du développement durable
Dès les années 60, des scientifiques se sont interrogés sur les impacts à long terme d’un mode de vie et d’une démographie destructeurs de la planète et donc de l’humanité. Certains d’entre eux, réunis au sein du club de Rome, ont alors commandé au MIT un document resté célèbre : le rapport Meadows, publié en 1972. Celui-ci mettait en évidence les conséquences suicidaires de la croissance économique telle qu’elle existait alors. Les préoccupations écologistes commencèrent à gagner une partie de la population. Toutefois, aujourd’hui encore, « l’éveil des consciences » (pour employer l’expression consacrée !) est loin d’être unanime.
Dans les années 80 est apparue l’expression développement « durable », c’est-à-dire une croissance permettant de satisfaire les besoins actuels de la population sans hypothéquer ceux des générations futures. En 1987, le rapport Bruntland commandé par les Nations Unies donnait une soudaine notoriété à ce terme. Ce document contredisait les conclusions du rapport Meadows : l’avenir de la planète était compatible avec la croissance économique, mais sous certaines conditions.
Relations entre enjeux écologiques, économiques et sociaux
L’enjeu principal de notre époque est de ne pas compromettre un futur lointain au bénéfice de gains à court terme. Car les impératifs écologiques semblent parfois trop contraignants, tant pour la sphère productive que pour la population. D’où parfois de fortes réticences et des velléités de tromper pouvoirs publics et consommateurs, à l’instar du scandale Volkswagen. Toutefois, les enjeux à long terme sont tels que la protection des ressources naturelles devient une nécessité vitale. Et dans la veine du rapport Bruntland, on compte de plus en plus de convergences entre protection de l’environnement, opportunités économiques et bien-être social.
Exemple. Un maraîcher décide de s'orienter vers le bio. En n’utilisant aucun produit phytosanitaire chimique, il contribue à préserver l’environnement. Ses légumes sont certes plus chers qu’auparavant mais le rapport qualité-prix est meilleur (plus de goût et de valeur nutritive), ce qui correspond à un besoin de certains consommateurs. Dans la mesure où sa production est saine, il participe à une action de santé publique (moins d’allergies alimentaires, par exemple). Il développe une activité économique qui exige davantage de main d’œuvre. Un salarié agricole saisonnier est alors recruté. Celui-ci consomme davantage que lorsqu’il était au chômage, ce qui soutient l’activité économique locale.
Le rôle des pouvoirs publics est de favoriser cette démarche gagnant-gagnant par des incitations financières et par l’élaboration de normes et textes législatifs contraignants.
Exemple. Une couche de la stratosphère contient une forte proportion d’ozone. Grâce à elle, nous sommes protégés d’un excès de rayons ultraviolets. Dans les années 80, des scientifiques se sont ému de trouées gigantesques observées dans cette couche au-dessus des pôles. Des gaz présents dans les aérosols ont été désignés comme principaux coupables de cette anomalie. À la suite du protocole de Montréal, signé en 1987 puis progressivement ratifié par tous les pays, les gaz incriminés ont été interdits. En septembre 2015, le trou de la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique était estimé à 20,9 millions de km², contre 26,6 millions neuf ans plus tôt. Bien sûr, il est impossible d’évaluer ce qu’auraient été les conséquences tant sur la santé, l’agriculture ou la vie sauvage si l’élargissement des trous s’était au contraire accéléré.
Quelques défis
Les principaux défis actuels et futurs apparaissent comme une imbrication d’enjeux écologiques, économiques et sociaux parfois contradictoires mais souvent concordants.
1- La pression démographique
La surpopulation se traduit par une emprise plus importante sur le sol (surfaces agricoles, mines, urbanisation…) mais aussi par une inquiétante augmentation des quantités de déchets.
À titre d’exemple, la forte empreinte écologique de l’élevage pourrait impliquer à terme une alimentation moins riche en viande (contrainte sociale). Les protéines devront donc être trouvées dans d’autres aliments (opportunité économique).
La gestion des déchets est elle aussi à la fois une contrainte et une ouverture économique. Contrainte sociale qui peut engendrer une « éco-lassitude » (le tri sélectif dans des pays nordiques va jusqu’à imposer trois containers à verre : transparent, vert et brun) mais opportunité économique impliquant de nouveaux modes de production (économie circulaire).
À l’échelle mondiale, familles nombreuses et pauvreté sont très corrélées et une élévation du niveau de vie se traduit par une baisse de la natalité. La croissance économique dans les pays en voie de développement est donc un impératif non seulement moral et social mais aussi écologique (ce qui n’apparaissait pas dans le rapport Meadows).
2- La pollution
La pression démographique et l’activité économique se traduisent par des pollutions de l’air et de l’eau, mais aussi par des externalités moins connues (pollution sonore des océans, pollution lumineuse…).
La lutte contre les nuisances et surtout la production de matières et d’objets moins polluants constituent un enjeu économique majeur (voitures électriques, lampes LED…). Une lutte qui n’est d’ailleurs pas nouvelle puisque les égouts existent depuis l’Antiquité !
3- Le réchauffement climatique
Les scientifiques sont unanimes pour imputer le réchauffement climatique à l’activité humaine. Les conséquences sont dramatiques pour la biodiversité mais aussi pour l’agriculture. Il faut se préparer à une redistribution des zones cultivées (production de vin plus au nord, par exemple), des catastrophes météorologiques fréquentes ou encore un relèvement du niveau de la mer particulièrement coûteux et destructeur pour les villes côtières.
4- La biodiversité
La biodiversité est la préservation des espèces animales et végétales. Son impact est positif sur l’économie. Certes, elle est souvent sacrifiée aux intérêts immédiats : des entreprises saccagent les forêts tropicales pour exploiter leur bois et surtout les remplacer par des terres agricoles tandis que les autochtones en font de même, poussés par la pression démographique… Les habitants ne sont certes pas tous sensibles à la perte de leurs trésors naturels mais ils en subissent l’impact social : désertification donc migration, perte d’autonomie alimentaire et de tissu social au bénéfice du salariat agricole… Une illustration est la surpêche en zone côtière : les populations ne pouvant plus vivre de la pêche traditionnelle sont contraintes de migrer. Dernier exemple, en Europe, la forte diminution de la population d’abeilles pourrait poser de graves problèmes à certaines cultures si elle devait se poursuivre, la pollinisation n’étant plus assurée.
Le réchauffement climatique menace de très nombreuses espèces animales et végétales mais il permet aussi à d’autres espèces, moins nombreuses, d’être en voie d’expansion (ce qui peut être source d'écosystèmes déséquilibrés).
5- La pauvreté des pays du sud
Nous avons vu que la pauvreté est liée à la surpopulation. C’est aussi une cause d’instabilités : guerres, coups d’État, flux migratoires…
Le commerce équitable est l’une des formes que peut revêtir une lutte contre la pauvreté. Il prend le contre-pied d’un assistanat qui n’entraîne aucun développement économique ou d’une mainmise des multinationales qui ne profitent nullement aux populations locales. Ce type de commerce permet de rémunérer convenablement de petits producteurs et peut-être de faire émerger par endroits une classe moyenne.
6- Les énergies
Certaines sources d’énergie se trouvant en quantité limitée (pétrole, gaz, charbon…), de nombreux pays promeuvent depuis plusieurs décennies les énergies dites renouvelables (éolien, géothermie, solaire…), bien que certaines d’entre elles ne soient pas exemptes de reproches (production peu écologique des cellules photovoltaïques, pollution visuelle des éoliennes…).
Un autre axe économique majeur est l’économie d’énergie, qui impacte de très nombreux secteurs (automobile, bâtiment…).
C’est sans doute dans le domaine de l’énergie que la protection des ressources naturelles se traduit par les opportunités économiques les plus nombreuses et par les créations d’emplois les plus conséquentes.