Les ratios de solvabilité bancaire

Ratios Cooke et McDonaugh

Notre système économique repose en grande partie sur les banques. Or, ces dernières sont soumises à de dangereuses crises économiques (quand ce ne sont pas elles qui les créent mais bon, ne polémiquons pas).

 

Le danger

La faillite d’une banque est donc un drame non seulement pour ses clients directs mais aussi par l’effet de boule de neige provoqué sur l’ensemble de l’économie, surtout si l’établissement est de grande taille car son impossibilité d’honorer ses engagements se transmet alors à tout le secteur bancaire et donc à l’économie dans son ensemble (risque systémique). En effet, les intérêts des banques sont si imbriqués que, contrairement à se qui se passe dans les autres secteurs économiques, une faillite ne profite pas à la concurrence mais pénalise tout le monde. D’où l’importance de s’en prémunir par un filet de sécurité qui, s’il n’est évidemment pas fiable à \(100\%,\) permet au moins de réduire théoriquement le risque de défaut à un niveau très faible.

explosion

C’est pourquoi il est impératif de poser des garde-fous en imposant aux banques une règle de prudence, celle de détenir des fonds propres suffisants pour amortir d’éventuels coups durs. Ainsi, si elles doivent couvrir des pertes, elles consomment d’abord leur capital et non l’argent des déposants.

D’hétéroclites réglementations nationales existèrent depuis la crise de 1929 jusqu’en 1988, année de l’accord de Bâle (dit Bâle 1) signé par douze pays. Des règles communes furent alors édictées, non seulement pour parvenir à une harmonisation internationale plus efficace (notamment en indiquant des définitions communes à tous les pays) mais aussi parce que les marchés de produits dérivés commençaient à se développer très rapidement (options de change, swaps de taux…) et qu’il devenait urgent d’encadrer par des règles strictes un système de plus en plus dangereux.

C’est ainsi que le fameux ratio Cooke fit une entrée remarquée dans l’Histoire des banques…

 

Le ratio Cooke

Il s’agissait d’un seuil minimum : les capitaux propres devaient représenter au moins \(8\%\) du risque de crédit (actifs et hors bilan).

Les actifs étaient pondérés selon une règle assez sommaire : soit pas du tout (exemple : créances sur administrations centrales de pays de l’OCDE), soit pour \(20\%\) (exemple : créances sur banques), soit pour moitié (exemple : prêts hypothécaires), soit en totalité (exemple : secteur privé).

Par des coefficients, les engagements (hors bilan) étaient convertis en équivalents risque de crédit, d’une part selon le type de produit et d’autre part selon leur maturité résiduelle. Grosso modo, les montants obtenus étaient ensuite pondérés de la même façon que les actifs.

Quant aux fonds propres, ils devaient être composés au moins pour moitié de tier 1 (fonds propres de base).

Suite à l’amendement de 1996, une partie du risque de marché est venu s’ajouter au risque de crédit.

 

Le ratio McDonaugh

Les directives de Bâle 2 (publiées en 2004) ont considérablement amélioré la finesse du ratio, même si des effets pervers ont par la suite montré les limites de son remplaçant, le ratio McDonaugh.

Les fonds propres doivent à présent représenter au moins \(8\%\) des actifs répartis ainsi : \(85\%\) de risque de crédit, \(10\%\) pour couvrir le risque opérationnel et \(5\%\) pour couvrir le risque de marché.

Trois approches sont autorisées pour estimer le risque de crédit. Par ordre de sophistication : standard, IRB et IRB avancée.

Dans l’approche standard, la pondération dépend du rating appliqué par les agences de notation. Par exemple, les créances sur emprunteurs souverains ne sont plus pondérées en fonction de l’appartenance ou non du pays émetteur à l’OCDE, comme à l’époque héroïque du ratio Cooke. La banque peut choisir entre un rating ou une évaluation établie par un organisme de crédit à l’exportation (OCE).

option standard

La prise en compte du hors bilan est proche du traitement en vigueur lors de Bâle 1.

L’objet de ce site n’étant pas d’expliquer toutes les subtilités des recommandations du comité de Bâle, nous en resterons à cet exemple. Pour connaître tous les détails, voir directement le document :

http://www.bis.org/publ/bcbs107b_fre.pdf

Dans les approches IRB et IRBA, le risque crédit repose sur plusieurs paramètres : la probabilité de défaut (PD) est estimée par l’établissement bancaire. L’exposition en cas de défaut (EAD), la perte en cas de défaut (LGD) et la maturité sont déterminés soit par l’autorité de régulation (approche IRB), soit par la banque elle-même (IRBA).

Le risque crédit n’est pas évalué sur le portefeuille global de la banque mais par catégories d’actifs. Sous conditions, les autorités de régulation peuvent admettre qu’une banque ne les traite pas toutes selon la même approche.

Le risque de marché est lui aussi généré par des actifs et par du hors bilan. Deux approches permettent d’évaluer le montant à retenir pour établir le ratio McDonaugh.

La première est là aussi l’approche standard. Cinq types de risque sont répertoriés (sur taux, sur titres de propriété, de change, sur matières premières et sur options). Le risque global est la somme des risques de chaque catégorie.

La seconde est l’approche « modèles internes » (IMA pour Internal Models Approach). Elle utilise le plus souvent la VaR.

Quant au risque opérationnel, il fait lui aussi l’objet d’un choix : approches de base, standard ou avancée.

Malgré les progrès réalisés par rapport à Bâle 1, les insuffisances méthodologiques et de graves effets pervers mis en lumière lors de la crise des subprimes ont conduit les autorités bâloises à formuler de nouvelles recommandations.

 

Bâle 3

Les directives de Bâle 3 maintiennent le ratio mais redéfinissent les fonds propres et l’assortissent de nouvelles obligations (matelas de précaution, ratios de liquidité…). Donc, bien que le seuil de \(8\%\) demeure la norme minimale, la solvabilité est mieux assurée. La mise en place des nouvelles directives prendra certainement de nombreuses années et chaque pays avancera à son rythme. Il serait aujourd’hui illusoire d’indiquer une date d’application complète (on peut d’ailleurs parier sans trop de risque qu’un Bâle 4 existera avant cet horizon hypothétique !).

 

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