Gain à l'échange et perte sèche
Le gain à l’échange est une notion d’économie qui peut se démontrer assez facilement. Ce que nous développerons ici, c’est pourquoi ce gain est maximal dans une situation de concurrence pure et parfaite.
Le raisonnement est un attendu du programme de SES en première générale.
Attention, nous n’expliquons pas ci-dessous le gain à l’échange international, illustré par les avantages comparatifs dont Ricardo a prouvé les bienfaits grâce à son célèbre exemple de draps et de vin produits en Angleterre et au Portugal. Ce mécanisme-ci n’est pas au programme de première mais de terminale.
Le gain à l’équilibre
Résumons brièvement la notion de surplus.
Il y a gain à l’échange quand un consommateur achète un produit moins cher que ce qu’il était prêt à payer ou quand un producteur vend un produit à un prix supérieur à son coût marginal.
En situation de parfaite concurrence, les quantités demandées et offertes s’ajustent à un prix d’équilibre. Graphiquement, deux courbes se croisent en ce point : la courbe d’offre (croissante), qui est l’agrégation des coûts marginaux de production de tous les offreurs, et la courbe de demande (décroissante), agrégation de toutes les limites de prix individuellement acceptées par les consommateurs.
Ci-dessous, la zone verte représente les surplus des producteurs et la rouge ceux des consommateurs. Nous vous renvoyons à la page sur les surplus pour bien maîtriser ces notions et leurs représentations graphiques.
Mais il existe aussi des situations non optimales. Étudions-en deux, celle d’un prix plus élevé que celui de l’équilibre et celle d’un prix plus bas. Il existe d’autres situations, de rationnement et de surproduction, que nous n’aborderons pas.
Prix trop élevé
Supposons que le prix ait artificiellement augmenté, par exemple en raison d’une entente entre producteurs ou de la présence d'un monopole (voir l'équilibre du monopole).
Dans ce cas, le ou les producteurs se créent un profit supplémentaire au détriment des consommateurs.
Visualisons le principe. Le prix est plus élevé. Conséquence : certains consommateurs renoncent à acheter le produit, trop cher. Donc la quantité disponible sur le marché diminue.
Bien sûr, la zone verte a augmenté sa surface. Les producteurs dégagent un surplus un peu plus élevé. La zone rouge a rétréci. Là encore c’est logique puisque d’une part certains consommateurs se sont détournés du produit et d’autre part le surplus de ceux qui l’achètent encore a diminué.
Ce qui est intéressant, c’est la zone jaune. Elle indique dans quelle mesure le surplus global a baissé. On l’appelle « perte sèche ». Un prix plus élevé que celui de l’équilibre se traduit donc par une situation qui n’est pas optimale sur ce marché.
Petite remarque : sans doute avez-vous déjà étudié l’effet d’une hausse exogène des prix et, graphiquement, la conséquence était une translation de la courbe d’offre (Cf. la dynamique de l’équilibre). Il ne faudrait pas que cela vous embrouille. Ce sont juste deux présentations différentes. Nous retrouvons bien le prix du marché qui glisse sur la courbe de demande.
Prix trop bas
Supposons la situation inverse. Pour une raison ou une autre, le produit s’échange à un prix artificiellement bas.
Nous obtenons le graphe suivant :
Nous visualisons ce qui est évident, les consommateurs sont les grands gagnants. Leur gain à l’échange a progressé tandis que celui des producteurs s’est réduit.
Là aussi, il existe une zone de perte sèche pour la collectivité.
Sur la base de ces mécanismes très théoriques, on en conclut que sur un marché donné, il est dans l’intérêt général que l’État n’intervienne pas sur les prix mais qu’il combatte les entraves à la libre concurrence. Ces principes sont le fondement des politiques libérales.
Équilibre général
L’équilibre général, tous marchés confondus, n’est pas au programme de première. Toutefois, on peut se placer dans une perspective globale pour faire émerger l’extrême complexité du passage d’un marché plus ou moins théorique à l’ensemble de la sphère économique.
Quelles sont les répercussions d’une concurrence imparfaite sur le reste de l’économie ?
Prenons l’exemple d’une baisse des prix, si profitable aux consommateurs dans l’immédiat. Elle pénalise l’entreprise, bien sûr, mais celle-ci n’est pas une abstraction. : ses bénéfices sont répartis en investissements (pour préparer l’avenir) et en rémunérations pour les salariés et les propriétaires qui eux aussi consomment. Elle fait également vivre des fournisseurs. De plus, l’aubaine pour les consommateurs se traduit par un effet d’éviction : ils délaisseront d’autres produits pour acheter ceux dont le prix a baissé. Finalement, bien malin qui pourrait mesurer les effets en cascade de la baisse artificielle d’un prix sur l’économie d’un pays en particulier, même en se limitant à une durée définie. Au pire, ce peut être un effet papillon !