Le choix des unités d'œuvre

Choix des unités d'œuvre et des taux de frais

La méthode des centres d’analyse constitue, malgré ses limites, un pilier de la comptabilité de gestion. Et, pilier du pilier, les unités d’œuvre permettent dans le cadre de cette technique d’affecter des charges indirectes aux différents coûts (Note : bien que la problématique soit proche, nous n’évoquerons pas le choix des inducteurs de la méthode des coûts par activité).

 

Les unités d'œuvre

Rappelons de quoi il s’agit. Les unités d’œuvre sont des unités de mesure. En l’occurrence, elles évaluent l’activité d’un centre qui peut être un atelier, une direction… Le choix de l’unité d’œuvre la plus appropriée est guidé par la corrélation qui existe entre cet indicateur et les charges variables supportées par le centre. Par exemple, le nombre de kilowatts heure peut être un bon indicateur pour un atelier qui utilise peu de main d’œuvre mais beaucoup d’électricité…

Outre une bonne adéquation avec l’activité, les qualités d’une bonne unité d’œuvre sont la facilité de sa mesure et sa variabilité.

Enfin, lorsque les frais engagés par un centre sont répartis entre plusieurs produits, il faut savoir estimer combien d'unités d'œuvre se rattachent à chacun d'entre eux.

Le choix est tout un art. Au pire, une mauvaise répartition peut conduire à abandonner la production la plus rentable !

Prenons un exemple trivial (donc stupide, c’est la spécialité de ce site). Une entreprise qui se diversifie fabrique sur une période donnée mille tringles à rideaux artisanales et dix mille tubes de dentifrice. Les tringles ont réclamé mille heures de main d’œuvre directe et cent heures-machines alors que les tubes ont nécessité la combinaison inverse. Le siège social supporte lui aussi des dépenses (salaires, location d’un bâtiment, fournitures de bureaux, etc.). Mais dans quelle proportion les affecter aux tubes ou aux tringles ? Une répartition calquée sur la main d’œuvre directe (MOD) risque de conduire à l’abandon des tringles mais une clé de répartition fondée sur la durée d’utilisation des machines ferait presque tout supporter aux tubes de dentifrice. Lorsqu’une production voit ses coûts minorés par une affectation trop pondérée à une autre production, on parle d’effet de subventionnement.

Les unités le plus souvent choisies sont l’heure machine ou de marche (si l’amortissement du matériel et ses frais d’entretien sont très importants ; illustration en page exemple sur centres d'analyses), l’heure de MOD (si les frais de personnel, intérimaires compris, dominent les autres charges), l’unité de matière travaillée (tonne, kilomètre de fil, hectolitres…) ou la quantité de produit(s) sortant de l’atelier. Une quantité achetée résume souvent l’activité d’un centre d’approvisionnement. Bien sûr, pour les entreprises de transport, on retient souvent les kilomètres parcourus (ou les milliers de km).

camion

Cependant, ce type de mesure prend de moins en moins de place l’économie, non seulement en raison du développement d’un secteur tertiaire peu propice à ce type de mesure, mais aussi à cause du développement des directions fonctionnelles dans l’industrie. C’est pourquoi une autre forme de mesure supplante souvent les classiques unités d’œuvre : les taux de frais. Qui sont-ils ?

 

Taux de frais

Les taux de frais sont tout simplement l’application d’un prorata d’une assiette de répartition.

Cette assiette peut être le coût de revient ou le coût de production des produits vendus (CPPV). Un centre de distribution utilise souvent le chiffre d’affaires… Les frais de la DRH peuvent être ventilés selon la proportion de l’effectif du centre par rapport à l’effectif total, certains frais sont répartis en fonction de surfaces de bâtiments…

Le CPPV sert souvent de base pour les activités les plus « éloignées » de la production (R&D, gestion financière…).

Ces taux peuvent prendre la forme de clés de ventilation.

 

Exemple 1

En page d'exercice sur complets vous trouverez l'exemple d'une boulangerie (sujet de bac STMG). Les étapes de fabrication soit soit automatisées (pétrissage et cuisson) et l’unité d’œuvre est logiquement l'heure machine, soit manuelles (façonnage lamage) et l'unité d’œuvre est bien sûr l'heure de MOD.

 

Exemple 2

Une entreprise hésite sur le choix de l’unité d’œuvre pour un atelier moyennement mécanisé. Actuellement, c’est le nombre d'heures de MOD qui est retenu. L’alternative est d’opter pour le nombre d’heures-machines.

Mois Charges Heures MOD Heures-machines
1 51 000 1 200 7 200
2 50 000 1 200 7 050
3 56 000 1 300 8 100
4 60 000 1 350 9 100
5 50 000 1 200 8 550
6 62 000 1 400 9 050
7 48 000 1 050 5 500
8 35 000 800 4 550
9 55 000 1 400 7 900
10 62 000 1 400 10 000
11 63 000 1 450 9 950
12 52 000 1 300 8 000

Procédons à une analyse de corrélation. Avec Excel, il est inutile de passer par des régressions linéaires. La fonction COEFFICIENT.CORRELATION suffit. On trouve 0,95 pour les heures de MOD et 0,92 pour les heures-machines. A priori, il n’est donc pas utile de changer d’unité d’œuvre. Toutefois, compte tenu d’un effectif limité à douze et du faible écart qui existe entre les deux coefficients, le projet de modification ne doit pas être enterré trop vite s’il est motivé par d’autres critères (facilité de collecte des données, changement de méthodes de travail en cours, etc.).

 

unité d'oeuvre